En modifiant profondément la structure technologique et logicielle de sa montre, Xiaomi veut venir titiller les cadors du marché. Et malgré des défauts, la Watch 2 Pro fait preuve de pertinence.
On efface tout et on recommence. En septembre 2023, Xiaomi présentait en compagnie de ses nouveaux smartphones 13T son interprétation de la montre connectée revue de fond en comble. Exit le poussif Zepp OS, bienvenue Wear OS de Google et sa boutique d’applications bien plus riche. Enfin de quoi viser notamment les modèles de Samsung et les Pixel Watch conçues elles aussi par Google. Surtout avec un prix plancher de 270 euros (330 euros en version LTE).
Pour cela, le constructeur chinois s’inspire plutôt de son concurrent coréen en matière de design. Pas question comme chez Google ou Apple d’épurer le look traditionnel d’une montre, on est ici clairement dans le monde du classique chronographe avec ses deux boutons et sa couronne sur la tranche. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais force est de constater que notre modèle de test en inox argenté n’a pas manqué de faire réagir notre entourage par son côté bling-bling très voyant.
Une montre ultra réactive
Sans compter que la montre est d’une taille imposante (46 mm de large) qui ne conviendra certainement pas à tous les poignets (son poids de 54 grammes n’est en revanche pas gênant). Mais il fallait bien un boîtier aussi massif pour intégrer le grand écran amoled de 1,43 pouce (466 x 466, 326 ppp). Cet inconvénient se transforme alors en force puisque cette surface d’affichage laisse beaucoup de place à l’interface et la rend extrêmement lisible ; c’est notamment le cas pour les messages instantanés et autres notifications. On regrette en revanche la luminosité poussive de la dalle : seulement 600 nits quand la concurrence offre entre 1 000 et 2 000 nits. Cela se ressent à l’usage, notamment en pleine lumière où il devient difficile de lire ce que l’écran affiche.
Heureusement, l’interface est fluide et très agréable à utiliser. Il faut dire que Xiaomi a choisi de motoriser cette Watch 2 Pro avec la puce Snapdragon W5+ Gen1 de Qualcomm, gravée en 4 nm. Les performances sont ainsi au rendez-vous, à aucun moment durant notre test nous n’avons trouvé l’interface lente ou sujette à un quelconque lag. Comme sur la Pixel Watch 2, la combinaison Wear OS x Snapdragon montre une nouvelle fois son efficacité.
L’interface manque de sobriété
L’interface justement. Si elle est donc réactive, elle ne manque toutefois pas de défauts ; dont le principal est certainement son design. Malgré la trentaine de cadrans présentés, il est difficile d’en trouver un sobre et minimaliste. Ceux simulant une vue sur les entrailles d’une montre mécanique sont péniblement défendables tant ils sont illisibles. Les versions numériques sont elles aussi souvent brouillonnes et on s’empressera de changer les couleurs criardes par d’autres plus douces à nos yeux.
D’ailleurs, la personnalisation des cadrans est bien trop limitée, le plus souvent à leur couleur donc. Impossible d’en changer les complications ou tout simplement d’afficher les dates au format français. Xiaomi a encore du travail à fournir pour se hisser au niveau de la concurrence sur ce sujet-là. En appuyant sur la couronne, s’affiche la liste des applications sous forme d’icônes rondes — là aussi, le code couleur est plus proche de Playskool que d’une marque d’horlogerie — qu’on fait défiler en tournant la même couronne. Un appui long sur cette dernière déclenche Google Assistant, un double appui la liste des dernières applications utilisées. Pour accéder directement à la tout dernière, un appui sur le bouton du bas suffit, tandis que celui du haut ouvre son application préférée, par défaut celle dédiés aux entraînements sportifs.
À l’aise dans la pratique sportive
Dans ce cadre-là, la Watch 2 Pro s’est montrée tout à fait à l’aise et précise. Les mesures effectuées lors de nos exercices de course à pied étaient sensiblement équivalentes à celle d’une Apple Watch Series 8 utilisée simultanément. Lors de notre premier exercice nous avons d’ailleurs enragé de voir que l’écran ne s’activait pas lorsqu’on levait le poignet, rendant impossible de jeter un œil à nos performances sans avoir à manipuler la montre. Un tour dans les réglages nous a permis de voir que la fonctionnalité « Lever pour activer » n’est pas activée par défaut ; un comportement de l’interface difficile à comprendre pour un usage aussi essentiel sur une montre connectée. Notons également que dans un cadre sportif, on choisira plutôt la version avec bracelet en fluoroélastomère plutôt qu’en cuir comme sur notre modèle de test.
Émettons un léger bémol toutefois sur les performances GPS. Le système double bande (L1+L5) demande entre une dizaine de secondes à une minute d’acquisition de données avant chaque exercice. Ce n’est pas grand-chose, mais cela ne fluidifie pas l’usage et peut être assez frustrant quand on est dans l’élan d’un exercice. De plus, l’efficacité de cette double bande n’est pas au rendez-vous, le tracé GPS d’une Apple Watch Series 8 simple bande (L1) est, en effet, plus précis.
Sur smartphone, l’application compagnon de la Watch 2 Pro est Mi Fitness. Ne vous méprenez pas sur son nom, elle ne gère pas que les activités sportives effectuées montre au poignet, mais aussi toute sorte de paramètres supplémentaires. Très bon point pour Xiaomi, elle est disponible aussi bien sur Android qu’iOS. Cette dernière nécessite toutefois la création d’un compte Xiaomi pour pouvoir jumeler la montre, contrairement à la version disponible sur le système d’exploitation de Google.
Quelques manques sur l’application
La page d’accueil de l’application s’ouvre sur un récapitulatif des données sportives et de santé de la montre : rythme cardiaque, oxygène sanguin, VO2max, sommeil ; tout est là. L’onglet « Entraînement » nous semble peu utile puisqu’il permet de lancer un exercice depuis le téléphone et qui se déclenche aussi sur la montre. Un doublon étrange. Depuis l’onglet « Appareil », on peut changer de cadran et gérer quelques autres fonctionnalités. Mais bizarrement, la rubrique « Paramètres » qui permet de gérer les réglages complets depuis la montre n’y figure pas. Il faudra donc obligatoirement passer par l’écran de la Watch 2 Pro pour accéder à l’intégralité de ses paramétrages (luminosité, localisation, etc.). On a connu plus ergonomique.
Enfin, l’autonomie est dans la moyenne de ce que propose la concurrence. Sa batterie de 495 mAh nous a permis d’utiliser la Watch 2 Pro jusqu’au lendemain à 16 h en effectuant un exercice de 30 minutes le premier jour et d’une heure le second, sans la porter la nuit. Dans ce cas, on tiendra moins d’une journée et demie. On reste donc loin des 65 heures annoncées pour la version Bluetooth (55 h pour la version LTE). On se consolera avec un temps de recharge complète de 45 minutes.