Une étude d’envergure, qui suit pendant 20 ans près de 18 000 enfants nés dans l’Hexagone, montre que près de 9 parents sur 10 ne respectent pas les recommandations de temps d’écran pour les moins de 2 ans.
Plus les années passent, et plus les enfants passent du temps devant les écrans, y compris les tout-petits. C’est ce que vient de montrer une vaste étude qui a suivi des enfants de 2 à 5 ans et demi sur plusieurs années. Menée par l’Ined et l’Inserm, et publiée ce mercredi 12 avril, cette recherche montre que peu de parents suivent la recommandation de ne pas du tout exposer leurs enfants de moins de 2 ans aux écrans. Seuls 13,7 % des parents interrogés veilleraient à éteindre et à mettre hors de portée de leur bambin de moins de 24 mois téléphone, tablette, ordinateur et télévision. C’est un peu mieux pour la suite, puisque la recommandation « pas plus d’une heure par jour » est suivie par la moitié des parents d’enfants de 3 ans et demi concernés par l’étude (49,7 %). Mais ils ne sont plus que 39 % à respecter cette limite d’une heure lorsque les petits atteignent l’âge de 5 ans et demi.
[#Ecrans] 📺 Selon les données de la cohorte Elfe de l’@Ined et l’@Inserm publiées dans le #BEH, seuls 13,7% des parents respectent la recommandation de ne pas exposer aux écrans les #enfants de moins de 2 ans.
— SantépubliqueFrance (@SantePubliqueFr) April 12, 2023
Pourtant, de nombreuses recherches ont montré les effets délétères des écrans dans l’enfance et la petite enfance, rappellent les chercheurs. Ces derniers citent par exemple le risque accru de surpoids et d’obésité ou les difficultés dans le développement du langage et du développement cognitif. Ils soulignent aussi que ces recommandations du temps d’écran proviennent d’organismes nationaux et internationaux. L’OMS préconise, par exemple, de ne pas exposer les enfants de moins de 2 ans aux écrans, puis de limiter le temps à 1 heure par jour entre 2 et 5 ans. En France, la limite d’âge « sans écran » a tendance à être fixée à 3 ans, voire moins. Santé publique France et l’Anses fixent l’âge limite à 2 ans.
Des disparités régionales et en fonction du niveau d’études de la mère
Ces recommandations sont loin d’être respectées. L’étude publiée montre que les moins de 2 ans passeraient en moyenne 56 minutes par jour devant les écrans, contre 1 h 20 pour les 3 ans et demi, et 1 h 34 pour ceux âgés de 5 ans et demi. On apprend aussi qu’il existe des disparités régionales – par exemple, les Hauts de France est la région où les enfants passent le plus de temps devant les écrans (64 minutes à 2 ans), la Bretagne celle où ils y consacrent le moins de temps (41 minutes à 24 mois). Les temps d’écran sont aussi plus élevés dans les familles ayant des origines immigrées. Les enfants dont la mère est née en Afrique subsaharienne, au Maghreb et en Turquie regardent les écrans en moyenne entre 30 à 50 minutes de plus que ceux dont la mère est née en France, selon l’âge concerné. Même constat pour le niveau d’études. Les enfants qui sont élevés par une mère qui n’est pas allée au lycée passent en moyenne 45 minutes de plus (à 2 ans) et 1 h 15 de plus (à 5 ans et demi) par jour devant des écrans que ceux dont la mère a un niveau d’études supérieur ou égal à bac +5.
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Pour arriver à ces chiffres, les chercheurs ont recruté en 2011 une cohorte de naissance – des milliers de nouveaux nés et leur famille – partout en France métropolitaine. Ces 18 000 enfants – désignés sous le sigle Elfe pour « Étude longitudinale française depuis l’enfance » – ont ensuite fait l’objet d’enquête téléphonique aux âges de 2 mois, 1, 2, 3 ans et demi et 5 ans et demi. Ce qui signifie que les données, majoritairement déclaratives, commentées par l’étude sont relativement anciennes, puisqu’elles ont été récoltées entre 2013 et 2017. Il s’agit donc d’une enquête qui mériterait d’être mise à jour, notamment pour documenter la situation post-pandémie, mais qui a le mérite de tirer la sonnette d’alarme sur les temps d’écran bien trop élevés des tout petits. Vous pouvez retrouver le protocole de l’étude sur ce site.
Source :
Etude de la cohorte nationale Elfe