Le groupe Meta, maison mère de Facebook et Instagram, a annoncé, mardi 29 août, le démantèlement partiel d’un réseau diffusant de fausses informations et de la propagande pour le compte de la Chine. « Si l’on regarde l’ensemble de leur activité sur Internet, nous pensons qu’il s’agit de la plus grande et de la plus ample campagne de désinformation au monde », juge Ben Nimmo, l’un des responsables du groupe chargé de la lutte contre les opérations de désinformation.
Une partie de cette campagne avait déjà été repérée par des chercheurs dès la fin de 2019 et baptisée du nom de « Spamouflage », en raison de sa propension à diffuser massivement des messages et des liens. Les équipes de sécurité de Meta ont identifié, sur Facebook, 7 704 comptes, 954 pages et 15 groupes liés à cette campagne, ainsi que 15 comptes sur Instagram. Des chiffres très importants, comparés aux campagnes habituellement détectées par l’entreprise, qui ne dépassent qu’exceptionnellement le millier de comptes.
Ce réseau visait principalement à diffuser « des commentaires positifs sur la Chine et la province du Xinjiang [où la minorité ouïgoure est victime de persécutions], et des messages négatifs visant les Etats-Unis, les gouvernements occidentaux et les journalistes et chercheurs critiques du gouvernement chinois », observe Meta.
L’entreprise attribue la paternité de cette campagne à « des individus liés aux forces de l’ordre chinoise », sans plus de précision. Les chercheurs notent que « Spamouflage » dispose de moyens étendus, matériels et humains, et fonctionnait avec plusieurs « unités », qui contrôlaient chacune un groupe de faux comptes et publiaient des messages à des horaires correspondant aux heures de bureau des différents fuseaux horaires chinois.
De la lingerie aux émeutes kazakhes
Très productive, cette campagne semble, selon Meta, avoir privilégié la quantité à la qualité. Si les comptes du réseau avaient accumulé environ 560 000 abonnés, ils ont généré très peu de commentaires, likes ou partages de la part de comptes de vrais utilisateurs, assure l’entreprise. Un manque d’efficacité plutôt courant dans les opérations de désinformation de ce type, qui s’explique aussi en partie par « le faible contrôle qualité » des messages publiés et des comptes créés.
« De nombreux comptes utilisés par “Spamouflage” semblent avoir été achetés auprès de revendeurs dans d’autres pays, dont le Vietnam et le Bangladesh (…) et les opérateurs de la campagne ont souvent commencé à utiliser ces pages sans [les adapter], écrit Meta. Nous avons ainsi vu une page qui publiait des publicités pour de la lingerie, en langue chinoise, commencer subitement à publier des messages en anglais sur des émeutes au Kazakhstan. »
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