Si vous avez une trentaine d’années, vous connaissez certainement la série Un, dos, tres, un paso adelante en espagnol. Il s’agissait d’une série, achetée par M6, qui racontait les aventures d’une bande de jeunes étudiants d’une école des arts de la scène à Madrid. 15 ans après sa fin, les producteurs ont décidé de lui donner une nouvelle chance avec Upa Next.
La querelle des anciens et des nouveaux
On reprend trois des personnages de la première version : Silvia, qui est devenue directrice de l’école, Lola, qui est chorégraphe et interprète et Roberto, qui fait des trucs à Miami. Pourquoi des trucs ? Tout simplement parce qu’on ne sait pas. En effet, pour le moment, en France, seul le premier épisode est disponible donc, on ne sait pas exactement ce qu’il bricole.
Le premier épisode nous amène à la sélection des élèves. Silvia n’a pas assez de candidats et les comptes de l’école sont dans le rouge. Roberto lui propose de mélanger la sélection avec un casting pour une comédie musicale. Silvia n’est pas enthousiaste et lors d’une discussion avec les professeurs, elle se plaint que les artistes préfèrent se mettre en scène sur YouTube plutôt que d’apprendre pendant plusieurs années leur art.
Objectivement, elle a raison, mais les élèves aussi. On peut formuler beaucoup de critiques envers les réseaux sociaux. Néanmoins, ils sont un formidable outil de communication et de mise en avant des aptitudes artistiques des internautes. Une vidéo d’une minute peut devenir virale, pour peu qu’elle soit bien « marketée ». Et un directeur de casting, qui recevrait la candidature d’un artiste qui a déjà un vivier de fans sur les réseaux sociaux, fait probablement le calcul que ça lui rapportera plus de choisir quelqu’un qui a une communauté sur les réseaux sociaux, plutôt que quelqu’un d’aussi bon techniquement, mais qui n’a pas travaillé son image de marque sur le Web. Dès lors, pourquoi s’enchaîner dans une école pour un cycle de plusieurs années ?
Le propos de Silvia — et on peut soupçonner que Monica Cruz, son interprète, tiendrait les mêmes — est aussi une illustration de l’école du classique. Si vous avez vu la série d’origine, ou que vous avez fait un détour par Wikipédia, vous savez que Silvia est une danseuse classique, tout comme Monica Cruz. C’est une formation très exigeante, qui demande de la discipline, de la rigueur et de l’abnégation. On entre très jeune en formation classique. Conséquence : à l’âge où on a envie de liberté, on doit redoubler d’efforts. La confrontation entre ces deux mondes est intéressante à observer à l’écran.
Continuité
Les petits jeunes qui vont intégrer l’école des arts de la scène de Carmen Arrenz rappellent furieusement la génération d’avant. Luca nous fait penser à Benny, Andrea à Silvia, Omar à Pedro, Elvira à Lola. Quant à Sergio, on soupçonne fortement qu’il s’agisse du fils de Roberto. Pedro et Ingrid ne sont pas au casting de la nouvelle série, tout comme les professeurs. Tout au plus, sait-on que Marie Millan, qui incarnait Adela, devrait faire une apparition.
Qu’en est-il de Marta ? D’après radio-internautes, il est probable qu’elle soit la mère d’Andrea. D’ailleurs, les fans de la série d’origine ne manqueront pas de remarquer une certaine ressemblance entre la prestation d’examen d’entrée de Marta et celle d’Andrea.
Justement, qu’en est-il de l’artistique ? Dans la série d’origine, on voyait quasiment toutes les étapes de sélection : danse classique, danse moderne, chant et théâtre. Sur le premier épisode, à l’exception de la prestation d’Andrea et du duo Luca-Elvira, c’est principalement la danse moderne qui est mise en avant.
On peut le déplorer après coup, mais soyons objectifs : les corps de ballet sont époustouflants. Ce qui nous amène à la question de la production.
Budget revu à la hausse
Si vous vous souvenez de la série d’origine, 75 % des épisodes se déroulaient au sein de l’école. Il y avait assez peu de plans extérieurs et quand les élèves ou les professeurs sortaient de l’école, l’action se déroulait en intérieur. Le tout n’était pas sans rappeler les décors des séries AB. C’était kitsch, mais ça avait du charme.
Dans la nouvelle mouture, on a beaucoup plus de plans extérieurs, de scènes dans la rue y compris une chorégraphie dans le métro et la gare de Madrid. Si la série de base n’avait pas énormément de budget ni de partenaires, cette fois-ci, les choses ont été faites en grand et on le voit au générique de fin. Il faut plusieurs slides pour énumérer tous les partenaires et sponsors de la série.
Pour l’instant, la première saison ne comporte que huit épisodes et on espère sincèrement que la production n’a pas flambé la caisse, car on veut la suite. En fait, on veut l’intégralité de la première saison pour commencer. En effet, Salto n’a mis en ligne que le premier épisode pour le moment et personne ne paraît avoir la date de diffusion des autres épisodes en France.
Qu’en est-il de la deuxième saison ? Même en Espagne, personne ne sait s’il y aura une saison 2. Il est possible qu’il s’agisse d’un plan marketing bien huilé. En effet, en Espagne, la série ne sera pas diffusée sur Netflix, mais sur une autre plateforme de streaming : Atresmedia, qui semble être l’équivalent de notre Salto hexagonal.
Verdict
Faut-il regarder Upa Next (Un, dos, tres : nouvelle génération en français) ? Oui. En premier lieu, si vous aimez la danse, si on se base sur le premier épisode, il est évident qu’on en prendra plein les yeux. Pour la musique, pour le moment, on repassera. C’est de la soupe, plus qu’autre chose, mais on pardonne.
On l’a dit : les personnages rappellent la première mouture et on sent que les intrigues risquent d’être assez similaires, voire, vues et revues. Là aussi, on pardonne. Le cœur de la série n’est pas l’histoire, mais l’artistique. On pourrait mettre Andrea et Luca dans une épicerie bio, en train d’acheter des poireaux et les faire danser que ça fonctionnerait quand même. Au pire, ça servira de clip pour le parti socialiste.
Que ce soit Un, dos, tres ou Upa Next, on regarde ces séries pour la valeur ajoutée artistique, pour la technique, pour rêver. On n’a pas besoin d’intrigues de haute volée philosophique, on a le cinéma français pour ça. Ou le cinéma d’horreur. C’est selon les goûts.
Si vous cherchez une série pas fatigante et amusante, regardez le premier épisode. Et si le cœur vous en dit, plongez dans la version d’origine, également disponible sur Salto. Il n’est pas obligatoire d’avoir vu la série d’origine pour comprendre la nouvelle version, mais pourquoi se priver ? Attention : certaines scènes, mettant en scène de l’informatique, risquent de vous faire hausser les sourcils. Gardez en mémoire que l’action de la série d’origine se passe au début des années 2000.
Un, dos, tres et un, dos tres : nouvelle génération (uniquement en version originale sous-titrée) sont disponibles sur Salto. Si vous avez un abonnement Amazon Prime Video, avec l’application intégrée à votre téléviseur, l’option est disponible et nécessite un abonnement supplémentaire. En avant !
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