Vers une nouvelle vague de suicides chez Orange ?

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15 ans après l’histoire se répète-elle ? En 2008 et 2009, France Télécom avait connu une vague de suicides inédite. 35 collaborateurs avaient commis l’irréparable sans parler d’une recrudescence de crises cardiaques, d’AVC, de cas de dépression et d’arrêts maladie. En cause : le management toxique qui sévissait alors chez l’opérateur historique.

Lors d’un séminaire de cadres en octobre 2006, le PDG de l’époque, Didier Lombard, avait eu cette phrase terrible. Il enjoignait ses équipes à faire partir « par la fenêtre ou par la porte », quelque 22 000 salariés, à défaut de les convaincre de se porter volontaires au départ. Il avait également fustigé « cette mode du suicide ».

Condamnés à un an de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende par la Cour d’appel de Paris pour « harcèlement institutionnel caractérisé », Didier Lombard et son numéro 2, Louis-Pierre Wenès, ont formé des pourvois auprès de la Cour de cassation. Celle-ci rendra son verdict le 21 janvier prochain.

En attendant, l’opérateur, devenu Orange, semble s’enfoncer dans un nouveau malaise social. « Selon un décompte provisoire mené par les syndicats du groupe, une dizaine de suicides a été recensée depuis le début de l’année », avance La Lettre, fin octobre.

France Info évoque, pour sa part, une trentaine de suicides depuis deux ans sur un effectif de 65 000 salariés. Un cas aurait été reconnu par l’Assurance maladie comme accident du travail, ouvrant la voie à une procédure pénale, et un autre serait en voie d’instruction par la CPAM.

Orange Business particulièrement concerné

La Lettre précise que ces gestes désespérés sont « pour la plupart le fait de collaborateurs rattachés à la Direction technique et du système d’information (DTSI) ainsi qu’à Orange Business ». Pour rappel, la division entreprises de l’opérateur a connu un plan de départs volontaires portant sur la suppression de 643 postes.

Dans son enquête, France Info évoque le cas de Philippe Le Gall, 53 ans, basé près de Rennes. Débutant comme fonctionnaire chez France Télécom, il a gravi tous les échelons jusqu’à devenir ingénieur. Il a mis fin à ses jours le 13 septembre 2023. Après une tentative de suicide un mois plus tôt, il aurait alerté son épouse : « Je n’arrive plus à gérer mon travail. Je n’arrive plus à faire la part des choses. »

La CFE-CGC d’Orange met explicitement en cause la direction prise par le groupe depuis l’arrivée à sa tête de Christel Heydemann en avril 2022. «Après une réconciliation sociale dont Stéphane Richard et Bruno Mettling furent les grands artisans, la nouvelle direction […] suit les traces de ses funestes prédécesseurs, en multipliant les réorganisations incompréhensibles, les plans de départs volontaires pour délocaliser les emplois et les mobilités forcées des personnels… »

« Aux mêmes causes, les mêmes effets »

« Aux mêmes causes, les mêmes effets, poursuit le syndicat. L’absence de sens du plan stratégique qui n’apparait que comme un plan financier, et la violence sociale qui l’accompagne ont fortement dégradé le climat social. »

Alors que « l’inquiétude grandit autour d’une nouvelle « crise sociale » meurtrière », il demande au gouvernement de nommer « de nouveaux dirigeants capables retrouver le chemin de la paix sociale et d’arrêter la multiplication des drames humains. »

Selon La Lettre, plusieurs syndicats, dont Sud, ont, par ailleurs, demandé à Christel Heydemann « d’engager rapidement un moratoire sur toutes les réorganisations en cours ». Orange France envisagerait 3 000 départs par an, en incitant notamment au départ les salariés près de la retraite.



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