Netflix a un plan pour venir à bout du partage de comptes. Dès janvier 2023, le numéro 1 de la VOD va mettre celui-ci en application dans le monde entier. Voici ce qui va changer.
Lors de la publication de ses résultats trimestriels, Netflix a de nouveau évoqué la question du partage de comptes. Ces dernières années, le géant de la VOD a déclaré à maintes reprises vouloir mettre un terme à cette pratique, très répandue au sein de sa clientèle.
Bien décidé à serrer la vis, Netflix a confirmé son intention de monétiser le partage de comptes afin de compenser la réduction de son chiffre d’affaires.
« Nous avons trouvé une approche réfléchie pour monétiser le partage de compte et nous allons commencer à la déployer à plus grande échelle à partir de début 2023 », indique Netflix dans le rapport transmis aux actionnaires.
L’entreprise américaine a déjà mené des expérimentations dans ce sens dans plusieurs pays d’Amérique latine, dont le Chili, le Costa Rica et le Pérou, depuis avril dernier. Visiblement satisfait des résultats obtenus, Netflix va déployer le dispositif dans le reste du monde.
À lire aussi : Les jeunes désertent Netflix et Disney+ à cause d’un rival inattendu
Le plan de Netflix contre le partage de comptes
Dès janvier 2023, les abonnés qui partagent leur compte avec un proche qui ne fait pas partie de leur foyer devront payer quelques euros supplémentaires par mois, explique Netflix à nos confrères de Cnet. Ce système de monétisation sera progressivement mis en place dans le monde entier.
Concrètement, Netflix va permettre de créer des sous-comptes pour les personnes qui ne vivent pas sous votre toit. Chaque sous-compte disposera de ses propres identifiants, recommandations de contenus et listes de lecture. Avec ce système, Netflix n’interdit pas le partage d’abonnements avec les personnes qui ne résident avec vous. La firme se contente de récupérer un peu d’argent en encadrant la pratique.
Si Netflix se calque sur les prix pratiqués en Amérique latine, les prêteurs de comptes américains devront s’acquitter de 3,50 à 4 dollars, soit à peu près le quart du prix d’un abonnement Netflix standard aux États-Unis. On peut s’attendre à découvrir une grille tarifaire analogue en Europe.
Si un individu étranger à votre résidence utilise votre compte, vous recevrez un avertissement. Celui-ci vous demandera d’ouvrir un sous-compte pour votre invité. Netflix attendra une période de deux semaines avant d’entrer en contact avec un abonné qui partage son compte avec autrui.
Pour déterminer si le compte est utilisé par un individu étranger au foyer, Netflix se base sur la géolocalisation des appareils. Cependant, le service se contente actuellement de vérifier l’emplacement des télévisions. Les smartphones, ordinateurs et autres appareils portables vont-ils échapper au serrage de vis de Netflix ?
En parallèle, Netflix a lancé une option intitulée Transfert de profil. Elle permet aux usagers de transférer leur profil existant sur un compte partagé, gracieusement par un proche, vers leur propre compte. De cette manière, Netflix facilite la tâche des individus qui voudraient cesser d’utiliser l’abonnement d’un ami pour ouvrir leur propre compte.
Une histoire de gros sous
En monétisant le partage de comptes, Netflix espère augmenter ses bénéfices et doper son chiffre d’affaires. D’après les estimations des analystes de Citi Global Market, le partage de comptes représente environ 6,2 milliards de dollars de pertes annuelles. Une autre étude, conduite par le cabinet CordCutting, évalue son impact financier à 192 millions de dollars par mois.
Il y a quelques mois, Chengyi Long, directeur de l’innovation produit chez Netflix, assurait d’ailleurs que le partage de comptes affecte considérablement les revenus du groupe, et réduit sa capacité d’investissement :
« Des comptes sont partagés entre ménages, ce qui a un impact sur notre capacité à investir dans de nouvelles séries et de nouveaux films pour nos membres ».
Netflix estime que 100 millions de personnes dans le monde profitent de son catalogue de séries et de films sans payer d’abonnement. Approximativement 15 % des abonnés partageraient leurs identifiants avec des proches hors de leur foyer. La pratique serait particulièrement répandue en France. Damien Bernet, le directeur du développement de Netflix dans l’Hexagone, déclarait d’ailleurs lors du festival de la fiction de La Rochelle :
« On a 10 millions d’abonnés en France et on a 5 millions de foyers qui consomment Netflix mais qui ne paient pas car ils partagent leurs comptes »
Pour gonfler ses revenus, Netflix a par ailleurs inauguré un nouvel abonnement abordable, financée par la publicité, à 5,99 euros/mois. Dans la même optique, le géant de la VOD ambitionne d’accroître sa présence dans l’industrie du jeu vidéo. Après avoir intégré des jeux mobiles à son catalogue, Netflix « envisage sérieusement » de lancer un service de cloud gaming. Grâce à ces différentes mesures, Netflix va-t-il parvenir à relancer durablement sa croissance ?
Source :
Cnet