Contrôler, enquêter, sanctionner : les expérimentations de l’administration en matière d’intelligence artificielle sont surtout concentrées autour de ces trois activités, notait le Conseil d’État dans un rapport publié il y a deux ans.
L’IA demeure globalement sous-exploitée dans le secteur public et les projets essentiellement des expérimentations.
Afin d’y remédier, le Conseil d’État émet plusieurs recommandations. La première consiste à concevoir un ou deux PoC/MVP dans chaque collectivité.
Focus sur « l’aspect pratique de l’IA »
Mais encore faut-il acculturer élus et agents du public. C’est la démarche qu’a entreprise Le Wagon, acteur spécialisé de la formation aux métiers de la Tech. La société annonce avoir initié un programme de formation à l’IA auprès des élus locaux et des cadres de la ville de Thiais (environ 30.000 habitants).
Le Wagon voit dans cette initiative un moyen de “préparer les décideurs locaux aux défis et opportunités que présente l’IA pour leur territoire.” A cette fin, les formations dispensées se revendiquent axées sur “l’aspect pratique de l’IA et son utilisation éthique.”
La pratique se focalise sur le recours à l’IA générative. Les participants sont ainsi formés à la conception de prompts, les commandes adressées aux modèles de langage (LLM). “Ils découvrent comment formuler des requêtes précises pour obtenir des résultats pertinents des systèmes d’IA”, précise Le Wagon.
L’utilisation des prompts appliquée à des cas concrets
Pour mettre en œuvre cette compétence nouvelle, les élus et cadres de la municipalité “s’exercent sur des cas concrets”, parmi lesquels l’analyse de données urbaines et la génération de rapports synthétiques sur des problématiques locales.
“En formant les élus locaux et les cadres municipaux, nous contribuons à une meilleure compréhension et gouvernance de l’IA au niveau local, essentielle pour l’avenir de nos territoires”, déclare Romain Paillard, le cofondateur du Wagon.
Au niveau de Thiais, le programme de formation est porté par Alexandre Caussignac, l’adjoint au maire chargé de la Transformation Numérique. “Face aux défis et opportunités que présente l’IA pour notre ville, il était crucial d’équiper nos élus et nos cadres d’une compréhension approfondie de ces technologies”, justifie-t-il.
Former les élus pour informer les citoyens
L’initiative constitue un premier pas. Dans son rapport, le Conseil d’État conditionnait le rythme de diffusion de l’IA à l’implication des “autorités compétentes” et à “l’engagement des dirigeants publics.” Il préconisait en outre de cartographier les processus administratifs.
La finalité : détecter quelques projets prioritaires à fort enjeu opérationnel. Le Conseil prévenait toutefois qu’un travail préalable d’acculturation sur le fonctionnement des SIA et leurs bénéfices était nécessaire.
Les rapporteurs recommandaient aussi de veiller à l’équilibre des usage afin notamment que les investissements en IA bénéficient également aux agents eux-mêmes. De plus, la sélection des cas d’usage doit tenir compte “de leur perception sociale par le public.”
Le programme mis en place par Thiais répond à cet enjeu. La formation des élus et des cadres vise ainsi à leur fournir les “compétences nécessaires pour expliquer clairement les avantages et les limites de l’IA à leurs concitoyens, favorisant ainsi une adoption éclairée et responsable de ces technologies au niveau local.”