La fondation Wikimédia a annoncé, lundi 13 juin, avoir fait appel de sa condamnation par le tribunal de Moscou, le 8 avril, à une amende d’environ 60 000 euros pour « diffusion de désinformation ». La justice russe considérait qu’une dizaine de pages de Wikipédia en langue russe, presque toutes consacrées à l’invasion de l’Ukraine, contenaient « des informations inexactes sur l’opération militaire spéciale visant à protéger les Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk pour la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine », selon les mots du Roskomnadzor, le régulateur russe d’Internet.
Dans les jours qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine, le Roskomnadzor avait ordonné le blocage de nombreux sites Web et de réseaux sociaux, et fortement renforcé la censure d’Internet en Russie. Face aux menaces de censure et de procès, le dernier grand média russe indépendant, Novaïa Gazetta, avait dû annoncer la fin de sa parution.
Procédure symbolique
« La fondation Wikimédia estime que les informations publiées sur Wikipédia doivent être protégées par la liberté d’expression et ne constituent pas de la désinformation, contrairement aux conclusions du tribunal », écrit la fondation Wikimédia dans un communiqué. « Cette décision de justice implique que des informations sourcées et vérifiées, mais qui contredisent les affirmations du gouvernement russe constituent de la désinformation », écrit le responsable des affaires juridiques de Wikimédia, Stephen LaPorte. « Nous demandons à la justice de revenir sur sa décision au bénéfice de l’accès de tous et toutes à la connaissance et à la liberté d’expression. »
Les chances d’une annulation de la décision du tribunal de Moscou semblent extrêmement faibles, dans un contexte où la répression contre les opposants à la guerre ne donne aucun signe de ralentissement. Cette procédure symbolique vise également à contester le fait qu’un Etat comme la Russie puisse intenter des procès à la fondation Wikimédia, qui finance les différentes versions de l’encyclopédie en ligne, mais n’en est pas l’éditeur, au sens juridique. « La fondation Wikimédia estime que la Russie n’a aucune juridiction sur la fondation », écrit le communiqué.