C’est une petite révolution dans le monde des bloqueurs de publicités sur Internet : depuis fin octobre, YouTube avertit ses utilisateurs qu’il ne tolérait désormais plus ces petits outils informatiques qui permettent de masquer ou de filtrer les annonceurs.
Après une série d’avertissements, les internautes peuvent se voir refuser complètement l’accès à la vidéo qu’ils souhaitent regarder : une façon de les forcer à désactiver leur bloqueur, à moins qu’ils ne préfèrent opter pour un abonnement payant à YouTube Premium (12,99 euros par mois) qui les dispense de messages publicitaires.
Ce changement de politique a provoqué de vives réactions chez les – nombreuses – personnes ayant recours aux extensions de blocage de publicités. Sur la section consacrée à YouTube du gigantesque forum Reddit, des usagers énervés déroulent leur mécontentement sur plus de 5 500 messages acerbes.
« Matraquer »
« Je refuse de récompenser une politique » qui a consisté, se plaint l’un d’eux, « à matraquer les utilisateurs avec des publicités ». « J’essaye de regarder une vidéo de cinquante-quatre minutes et je suis sur le point d’abandonner. YouTube me force à regarder des publicités de quinze secondes toutes les minutes et demie », renchérit un autre.
Dans le forum du très populaire bloqueur de publicités Ublock Origin, de multiples messages décrivent des manipulations plus ou moins complexes à effectuer pour bloquer à nouveau les publicités sur le principal site de vidéos du monde. Avec un succès qui semble limité : le mode d’emploi évolue quasiment tous les jours, au fur et à mesure que les ingénieurs de YouTube mettent en place de nouvelles mesures techniques, et les développeurs de Ublock Origin de nouvelles contre-mesures.
Ces allers-retours techniques n’ont rien de nouveau : depuis une décennie et l’apparition de ces outils antipublicités, les grands éditeurs de sites tentent de les empêcher de fonctionner. Mais, jusqu’à récemment, sans grand succès. « Il y a trois ans, Facebook était à la pointe des mesures contre les bloqueurs de publicité », explique Pete Snyder, le responsable de l’équipe d’ingénierie vie privée de Brave, un navigateur qui inclut un bloqueur de publicités.
Combat technique et « mauvaise direction »
« Un temps, Facebook utilisait du code HTML “poubelle” pour tromper les bloqueurs de publicité. Ils ont abandonné cette approche, qui ne marche plus vraiment. D’une certaine manière, YouTube fait quelque chose de similaire : ils s’entêtent dans une mauvaise direction en investissant des quantités gigantesques d’heures de développement pour contraindre leurs utilisateurs à faire ce qu’ils ne veulent pas faire. »
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