62% des Français préfèrent les appareils de seconde main

62% des Français préfèrent les appareils de seconde main


Les mentalités en matière de reconditionné progressent : 37% des Français interrogés ont acheté un smartphone reconditionné en 2022 et 62% ont déjà ou sont prêts à le faire. L’informatique suit, mais dans des proportions plus modestes. Avec, dans les deux cas, toujours les mêmes freins à l’achat…

Statistiquement, vous devriez bientôt acheter un appareil reconditionné. C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête menée par l’IFOP auprès de 1201 Français. Si le baromètre doit être pris avec un peu de recul car il est commandité par le reconditionneur électronique français (SMAAART), la tendance est là. Et elle est forte : 62% des Français ont acheté ou une intention d’acheter un smartphone ou ordinateur reconditionné.

Si les bonnes âmes penseront que la prise de conscience environnementale est là, ne vous félicitez pas trop : la préservation de notre planète n’est que la troisième raison (10%) derrière la garantie apportée par les différents services (12%). L’argument massue est comme toujours le prix (41%). Derrière lui se cache une autre réalité, plus technique. Le fait que nombre de terminaux, notamment haut et moyen de gamme, ont atteint un niveau de performances suffisant pour le commun des mortels. Une fois les besoins de qualité atteint, il n’est plus besoin d’aller plus loin pour la majorité des utilisateurs.

© IFOP

Alors qu’il est originellement plus modulable et théoriquement plus facile à faire vieillir, l’ordinateur est pourtant derrière le smartphone en termes de comportement d’achat reconditionné. Les proportions progressent : 31% des sondés affirment avoir acheté ou considérer l’achat d’un PC (sans précision de format) de seconde main. Là encore, le prix est le facteur déterminant (32%), puis vient le plaisir ou le besoin d’avoir un appareil plus haut de gamme que le neuf qu’ils peuvent se permettre (12%) et la garantie proposée (10%).

Des limites dans les mains du… logiciel

© IFOP

Ce qui est intéressant et doit questionner, ce sont les freins à l’acquisition. Dans le cas des deux appareils, la principale crainte (très légitime !) est d’avoir un appareil dont la durée de vie soir plus courte – 33% pour les smartphones et 28% sur l’informatique. Et pour 25% d’entre eux, la crainte d’une moindre fiabilité et baisse des performances. Or, dans ces deux domaines, il faut voir planer moins des soucis matériels que l’ombre du logiciel.

Car quand bien même un terminal Android milieu de gamme soit encore au top après deux ans d’usage, la réalité est que les constructeurs (notamment chinois), arrêtent bien trop rapidement le suivi des mises à jour Android. Il faut aller vers le très haut de gamme (Galaxy S et consorts) pour profiter de 4 années de suivi logiciel… déjà entamées par le ou les précédents propriétaires ! Ici, Apple fait figure d’exception avec ses sept années de mises à jour d’iOS. Le son de cloche est devenu un peu similaire en matière d’informatique puisque Windows 11 est interdit aux anciennes générations de processeurs (avant la 8e génération d’Intel Core, avant les Ryzen 2000 chez AMD). Quant à Mac OS, le passage à ARM et aux puces M1/M2 devrait précipiter la chute des anciennes machines en x86. Dans tous les cas, il s’agit plus d’un problème de ressources de développeurs à allouer pour assurer le maintien des fonctionnalités que d’un souci de performances.

Ce qui ne veut pas dire que les problèmes matériels soient nuls. Mais, mis à part des configurations matérielles trop justes (RAM soudée insuffisante), cela concerne essentiellement les batteries, qu’il faut changer au bout d’un certain temps. Un changement pas toujours évident, notamment en termes de documentation ou d’accès aux pièces d’origines.

Un tiers des Français s’est laissé tenter par le reconditionné

01net.com – iPhone 6S inspecté par Certideal.

Malgré ces limites, 37% des personnes interrogées par l’IFOP affirment avoir acheté, pour eux ou un proche, un smartphone reconditionné. Un volume très important dans un marché mature comme celui de la France. Et qui profite surtout à la vente en ligne puisque 58% des acheteurs passent par le site des reconditionneurs ou les marketplaces. Le physique résiste un peu à 26% et les opérateurs téléphoniques pèsent 13%. Les pourcents restant devant sans doute être de l’achat entre particuliers. Qui relève plus de l’occasion que du reconditionnement.

Lire aussi : Smartphones et tablettes reconditionnés : la DGCCRF met en garde les consommateurs (mars 2022)

Car l’autre limite, c’est celle de la nature de cet achat de seconde main : quand l’occasion est à comprendre « en l’état », le reconditionnement implique des étapes de vérification, tant matérielles que logicielles. Qui peuvent mener à des nettoyages, mises à jour, voire remplacement de pièces (notamment les batteries). Or, selon la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) lors d’une enquête en début d’année, plus de moitié des revendeurs abusaient de la mention « reconditionné » pour ne vendre que de l’occasion en l’état. Sabotant au passage l’image d’une pratique pourtant vertueuse.

Lire aussi : Le Sénat valide la “taxe” copie privée sur les appareils reconditionnés : combien va-t-elle vous coûter ? (nov. 2021)

Signalons aussi que bien que les Français soient de plus en plus prêts à acheter des produits de seconde main, un dernier écueil impact le prix : cette satanée taxe à la copie privée. Les lobbies des ayants-droits ayant pignon sur rue, les produits de seconde main qui ont pourtant déjà été vendus avec une taxe à la copie privée quand ils étaient neufs, doivent à nouveau s’en acquitter. Un supplément à payer qui gonfle de manière artificielle des prix déjà handicapés par la main d’œuvre et les pièces nécessaires à la vérification du matériel.

Source :

IFOP



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