Le chef de l’agence allemande de cybersécurité a été limogé mardi 18 octobre, après des révélations dans des médias faisant état de son manque de distance avec la Russie, dans un contexte d’inquiétudes à Berlin d’éventuels actes de sabotage de la part de Moscou.
« La ministre de l’intérieur [Nancy] Faeser a décidé aujourd’hui de démettre de ses fonctions avec effet immédiat le président de l’agence allemande de cybersécurité (BSI), Arne Schönbohm », a déclaré un porte-parole du ministère dans un courriel à l’AFP.
Depuis plus d’une semaine, M. Schönbohm était sur la sellette après des articles de presse sur sa proximité avec une association de conseil en cybersécurité, elle-même soupçonnée de contacts avec des services de renseignement russes.
Ces allégations « ont définitivement endommagé la confiance nécessaire du public en la neutralité et l’impartialité » du président de la plus importante autorité de cybersécurité d’Allemagne, a indiqué le porte-parole du ministère.
Une « influence » russe pas totalement établie
Agé de 53 ans, M. Schönbohm, en poste depuis février 2016, avait été choisi par le gouvernement de l’ancienne chancelière Angela Merkel. La nomination de cet ancien manager du groupe aéronautique franco-allemand EADS avait été alors l’objet de critiques, notamment par les Verts aujourd’hui au gouvernement.
Depuis plus d’une semaine, Arne Schönbohm est mis en cause en raison de ses liens avec une association baptisée « Cyber-Sicherheitsrat Deutschland » (Conseil allemand de cybersécurité ou CSRD), qu’il a cofondée en 2012. Elle conseille les entreprises, agences gouvernementales et responsables politiques sur les questions de cybersécurité. Parmi ses membres, elle compte la société Protelion, filiale de l’entreprise de cybersécurité russe O.A.O. Infotecs qui, selon les informations du réseau de recherche Policy Network Analytics, a été fondée par un ancien collaborateur des services de renseignement russes KGB.
M. Schönbohm a assuré mardi au magazine Der Spiegel qu’il ne savait pas « ce que le ministère a vérifié et quelles sont les allégations concrètes » le visant. Il affirme avoir, pour cette raison, lui-même demandé à faire l’objet d’une procédure disciplinaire.
Dans un précédent article, le Spiegel avait jugé « pour le moins douteux que Protelion joue vraiment un rôle important dans l’architecture de cybersécurité allemande », se demandant si les critiques visant le responsable n’étaient pas « une opportunité bienvenue pour le gouvernement » de changer la direction du BSI.