Les rapports sur le changement climatique, encore raisonnablement optimistes il y a quelques années, se font plus sombres dorénavant, alors qu’il apparaît de plus en plus que le objectifs des Accords de Paris (obtenus lors de la COP21 de 2015), qui visent à limiter la hausse moyenne des températures à 2 degrés Celsius, et même à 1,5 degré si l’on veut conserver notre qualité de vie actuelle, deviennent impossibles à atteindre.
Avec +2 degrés Celsius par rapport aux moyennes pré-industrielles, c’est déjà l’assurance de subir des contraintes climatiques fortes avec des phénomènes naturels de plus grande ampleur.
Or, selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies (PNUE) publié en amont de la COP27 en Egypte, nous nous acheminons actuellement vers un réchauffement de +2,8 degrés.
Alors que les rapports évoquaient jusqu’à présent la possibilité de corriger la situation, les espoirs ont fondu et il n’est désormais guère plus question que de limiter à peine le phénomène pour tenter de le contenir à +2,6 degrés, ce qui impliquera de toute façon une évolution profonde du climat.
Trop de promesses, pas assez d’action
Il ne serait donc désormais quasiment plus possible d’atteindre ou même de se rapprocher des ambitions de la COP21. Le rapport des Nations Unies fustige « l’écart entre les promesses et les actions » des gouvernements et appelle toujours à une réduction de moitié environ des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030.
« L’humanité va dans la mauvaise direction« , indiquait un peu plus tôt cette année le rapport United in Science de l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale) et le celui du PNUE fait le même constat en observant que les pays du G20 ne pourront pas tenir leurs promesses pour 2030 sans une action renforcée et des mesures prises immédiatement.
Les scénarios de +1,5 à +2 degrés Celsius ne sont plus accessibles à moins d’efforts colossaux de réduction des émissions de GES
Les nouveaux engagements pris lors de la COP26 de Glasgow en 2021 ont été suivis de peu d’effets et, même s’ils l’avaient été, ils ne permettraient que de freiner à la marge la hausse des températures en la portant à +2,4 degrés.
Le rapport des Nations Unies plaide pour une transformation générale forte et rapide de nos sociétés pour parvenir à réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre (-30 à -45% selon les scénarios) dans l’échéance désormais courte de 2030 afin d’éviter un « désastre climatique« .
Mais au vu de l’inaction constatée depuis des années concernant des objectifs pressants mais raisonnables, on voit mal comment cette transformation pourrait être opérée à un rythme rapide et puissant alors que désormais le temps manque pour obtenir les effets escomptés.
Se concentrer sur les projets de court terme de réduction des GES
Le rapport observe que, à côté des projets de puits de carbone ne pouvant fonctionner que sur un long terme que nous n’avons plus, il est urgent de se focaliser sur des initiatives de court terme permettant de faire chuter rapidement les émissions mondiales de GES, essentiellement en se détournant franchement des projets impliquant les énergies fossiles.
Mais cela implique non pas de simples adaptations des secteurs. Il faut désormais des transformations franches et de grande ampleur. Le rapport relève que le secteur de l’énergie est le plus avancé en la matière.
A Francetvinfo, Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, explique que « chaque fraction de degré compte : pour les communautés vulnérables, pour les espères et les écosystèmes, et pour chacun et chacune d’entre nous« .
Mais cette évolution va nécessiter d’énormes investissements que le rapport chiffre à une fourchette entre 4000 et 6000 milliards de dollars par an pour décarboner l’économie.
Là encore, on voit mal comment cet effort financier colossal peut être coordonné dans l’urgence, alors que l’inertie est restée forte durant tant d’années sous l’effet d’intérêts divergents.