En 2018, lors des dernières élections de mi-mandat aux Etats-Unis, TikTok amorçait à peine sa conquête à l’international et n’était pas encore devenu la plate-forme ultra-populaire au plus d’un milliard et demi d’utilisateurs actifs par mois. Quatre ans plus tard, au seuil de ces nouveaux « midterms », l’application du géant chinois Bytedance est cette fois dans le collimateur des observateurs du scrutin : au-delà des interrogations sur le potentiel accès de Pékin aux données des utilisateurs étrangers, ce sont les risques d’une vague de désinformation qui inquiètent, dans un pays où les « fake news » sont devenues un sujet majeur des campagnes présidentielles depuis celle qui fit entrer Donald Trump à la Maison Blanche en 2016.
Différents articles et études parus depuis septembre viennent alimenter ces craintes. Une enquête de l’ONG Global Witness, menée conjointement avec l’équipe « Cybersécurité pour la démocratie » de l’école d’ingénieurs Tandon de l’Université de New York, conclut par exemple que la plate-forme de vidéos « échoue à détecter des fausses informations électorales ». Les enquêteurs expliquent avoir soumis « dix publicités en anglais et dix en espagnol » sur différents réseaux sociaux, « cinq contenant de fausses informations électorales et cinq visant à délégitimer le processus électoral ». TikTok, qui interdit l’achat de publicités politiques et assure avoir renforcé le contrôle des contenus politiques rémunérés publiés par les influenceurs, a laissé passer 90 % de ces fausses publicités, assure leur rapport.
La difficile modération des vidéos
TikTok n’a pas l’apanage de la désinformation électorale aux Etats-Unis – la même étude pointe également les failles de Facebook et ses 226 millions d’utilisateurs américains. Reste que l’analyse du format vidéo, plus chronophage que celle de l’écrit, complique la lutte contre les fausses informations, comme le montre encore récemment l’exemple de YouTube. Un problème d’autant plus courant que les courtes pastilles filmées et virales de la plate-forme chinoise ont beaucoup inspiré ses compétitrices, à l’image des YouTube Shorts et des Reels d’Instagram.
Dans un récent rapport, l’Institut pour le dialogue stratégique atteste ainsi avoir trouvé sans effort « des contenus qui enfreignent les politiques de désinformation électorale sur YouTube, Instagram et TikTok ». Une facilité qui laisse penser aux analystes « que les nouvelles fonctionnalités (…) telles que les vidéos courtes sont déployées sans évaluation complète des risques et considérations de sécurité des utilisateurs », mais aussi que les politiques de modération « continuent d’échouer malgré les promesses ».
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