Essilor se fait taper sur les doigts par le régulateur de la concurrence. Le leader du secteur des verres optiques a, pendant plus de 10 ans, mis en œuvre des pratiques commerciales discriminatoires visant à entraver le développement en France de la vente en ligne de verres correcteurs.
Dans sa décision du 8 novembre, l’Autorité de la concurrence impose à Essilor International SAS une lourde sanction de près de 81 millions d’euros. La société mère EssilorLuxottica SA est également sanctionnée solidairement, à hauteur de 15,4 millions d’euros.
Essor, le principal fabricant et distributeur en gros de verres optiques, domine le marché français. Depuis le début des années 2000, les règles se sont assouplies pour développer le commerce en ligne de ces produits et faire baisser les prix, plus élevés alors que dans les pays voisins. Mais entre 2009 et 2020, Essilor a sciemment entravé le développement de vendeurs en ligne tels que Sensee, Happyview et DirectOptic, souligne l’Autorité de la concurrence.
Barrage aux canaux alternatifs en ligne
Cette politique discriminatoire a pris plusieurs formes. L’autorité de la concurrence a observé qu’Essilor refusait de vendre des verres de sa marque aux opérateurs, alors qu’elle le faisait à l’étranger. Le groupe français bloquait aussi la communication sur les canaux digitaux, en empêchant les sites de vente en ligne d’utiliser son logo et de communiquer sur l’origine des verres. Enfin, Essilor imposait des limitations de garantie, en conditionnant la prise en charge de la garantie à la prise de mesures en magasin.
Toutes ces pratiques ont contribué à « limiter l’accès des consommateurs à un canal de vente alternatif et favorisé le maintien d’un niveau de prix élevé des verres correcteurs », note le régulateur.
L’autorité soutient que, durant l’instruction, Essilor n’a apporté « aucun élément permettant de considérer que ces restrictions étaient justifiées par les prétendues différences, notamment en termes de fiabilité des prises de mesures, existant entre les opticiens exerçant leur activité dans des magasins physiques et ceux exerçant leur activité en ligne ».
En revanche, l’Autorité a relevé que « ces restrictions répondaient à la très forte attente protectionniste des opticiens physiques à l’égard du groupe Essilor ». Ces derniers étaient autorisés à utiliser le logo Essilor, contrairement aux pure players.
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