Éraillée par des chants de supporters à s’en vider les poumons, sa voix cassée peine à percer le tumulte de la foule. Alors que s’achevait aujourd’hui à 19 h 20 le Major 2023 de Counter-Strike : Global Offensive dans la salle parisienne Accor Arena, Augustin a du mal à contenir ses émotions : « J’ai envie de pleurer, je ne réalise pas ».
Comme quelque 12 000 spectateurs présents sur place, le jeune homme est venu assister à une finale mémorable qui, au terme d’un affrontement en deux manches l’opposant aux Allemands de GamerLegion, a permis à l’équipe française Vitality de décrocher le premier trophée majeur de son histoire.
À la clé de ce tournoi annuel, une enveloppe de 500 000 dollars attribuée par la société américaine Valve, éditrice de ce jeu vidéo de tir, à l’équipe victorieuse. Mais aussi, et surtout, « un titre qui manquait à notre vitrine », considère Fabien Devide, dit « Neo », président de Vitality. Depuis la loge où il a regardé une partie de la finale, celui qui a cofondé l’écurie e-sportive française la plus connue à l’international n’a pourtant pas cessé de se tourmenter quant à l’issue du match. « Je suis dans la souffrance, tellement focalisé sur l’objectif que je n’arrive pas encore à savourer. Même si ça va me marquer à vie », concédait-il au Monde avant la rencontre.
Premier titre et larmes de joie
Organisé pour la première fois en France par Blast, ce prestigieux événement a rassemblé plusieurs centaines de milliers de fidèles, qui l’ont suivi en ligne sur la plateforme de streaming Twitch. Clamant leur passion commune pour l’e-sport par chats interposés, ceux-là auront eu un bel aperçu de l’atmosphère sensationnelle qui régnait à Bercy. Dans les tribunes, quelques fans allemands comme Chris, 32 ans, ont largement poussé derrière leurs joueurs. « GamerLegion mérite de gagner, jugeait-il en tribune en début de partie. Mais si Vitality l’emporte, je serais quand même content. »
Il faut dire que le club français était largement favori. Après une récente victoire lors d’un tournoi international au Brésil, la forme et la cohésion de ses athlètes ont permis à cet effectif, composé de deux Français, autant de Danois et un Israélien, de ne concéder aucune manche lors de ce Major.
Venus spécialement de Montpellier pour l’occasion, Diane-Elody et son compagnon n’ont pas manqué une miette de la rencontre. « Moi qui ne connais pas vraiment les jeux vidéo et qui ai assisté à plusieurs compétitions de sport, je trouve ça super à suivre, c’est drôle, vivant. » Plus loin, Thomas, étudiant en informatique et membre actif des Golden Hornets, l’association d’« ultras » de Vitality, entonne à la chaîne des chants de supporters écrits pour l’occasion.
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