Le parquet de Munich a requis, lundi 22 mai, un procès contre quatre anciens dirigeants de l’entreprise allemande FinFisher, ancien poids lourd du marché mondial des logiciels espions.
Le parquet accuse l’entreprise d’avoir enfreint la législation européenne en matière d’exportation de technologies de surveillance, en vigueur depuis 2015. Au cœur des accusations visant ses anciens dirigeants figure la vente des logiciels de FinFisher aux services de sécurité turcs.
« Le produit principal [du groupe FinFisher] était le logiciel d’espionnage commercial appelé FinSpy, qui permettait de prendre le contrôle total des ordinateurs et smartphones et de surveiller les communications en cours », rappelle le parquet de Munich.
La Turquie comme principal client
FinFisher vendait ses logiciels à des pays de l’Union européenne ou des pays bénéficiant d’une autorisation, comme l’Australie, le Japon, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Mais c’est avec ses clients turcs que la société allemande a réalisé « la majeure partie du chiffre d’affaires du groupe », selon le parquet.
Les dirigeants de la société sont soupçonnés d’avoir contourné la réglementation en hébergeant une partie de ses activités hors d’Allemagne, en Bulgarie notamment.
Le parquet avait été saisi en 2019 par une plainte commune de quatre ONG, dont Reporters sans frontières. Selon elles, le logiciel de FinFisher avait été livré aux services turcs en 2017, avant d’être utilisé, selon le parquet, pour espionner l’opposition.
Des pays au lourd passif en matière de respect des droits humains, comme l’Egypte et la Birmanie, figureraient aussi parmi les acquéreurs potentiels des logiciels de FinFisher.
En début d’année, alors que les investigations de la justice allemande allaient bon train, plusieurs sociétés et filiales de la galaxie de Finfisher ont déposé le bilan et fermé leurs portes. C’est maintenant au tribunal de Munich de décider ou non de la tenue d’un procès.