La France buissonnière : profession cosplayeuse

La France buissonnière : profession cosplayeuse


Inutile de chercher, l’activité de cosplayeuse professionnelle ne figure pas au répertoire national des métiers. Aux profanes du manga, aux ignorants du jeu vidéo, ce bref rappel : le cosplay – mot-valise composé à partir des termes anglais costume et play – consiste à incarner des personnages de fiction en adoptant leur tenue vestimentaire et leur coiffure. Ses adeptes participent à des concours, sous la forme de défilés, dont les lauréats reviennent chargés de trophées et de produits dérivés. En faire son gagne-pain est une autre affaire. Tel est le défi que s’est lancé Elodie Ferachoglou, alias Ellothin, son nom de scène.

Installée à proximité de Ballon-Saint-Mars (Sarthe), cette ancienne manipulatrice en électroradiologie médicale s’active beaucoup en ce début d’été, période fertile en salons et conventions consacrés à la pop culture japonaise, dont le point d’orgue est la Japan Expo (du 13 au 16 juillet, au Parc des expositions de Villepinte). De Périgueux à Bruxelles, de Lyon à Deauville, la jeune femme (33 ans) y présente ses dernières créations, des costumes entièrement faits main, inspirés de ses deux jeux vidéo préférés : League of Legends (LoL) et Monster Hunter : World.

Cachée sous un savant assemblage de falbalas et d’armures en toc, Ellothin défile, déambule, déclame, harangue le visiteur… Et fait, au passage, la pub de l’école de cosplay qu’elle a créée, il y a un an et demi – la seule de ce genre qui existe en France. A des débutants avides de participer à des concours, la performeuse enseigne les multiples techniques qu’elle-même a dû apprendre pour élaborer ses tenues : couture, maroquinerie, modélisation 3D, assemblage de cottes de mailles… L’heure de cours coûte 25 euros, le forfait mensuel 150 euros. Tout se fait sur le tchat de gameurs Discord pour le moment. « Mon rêve est de créer une école en dur, une sorte de Poudlard du cosplay », explique cette fan de Harry Potter, mais aussi de Tolkien.

Rien n’a été simple, évidemment, avant d’en arriver là. Dans une autre vie, l’autoentrepreneuse a travaillé aux urgences du CHU Rangueil de Toulouse. Jusqu’à ce que le Covid-19 survienne, avec son cortège d’obligations et de désagréments professionnels : les heures supplémentaires non payées, les réquisitions de la préfecture, les gardes de nuit… « J’ai eu peur de faire un burn-out », se souvient-elle.

Toilettes sanguinolentes

Au grand dam de ses parents, la titulaire de la fonction publique se met alors en disponibilité pour un an, le temps de transformer en job le hobby de son adolescence : le cosplay – discipline qui l’a vue remporter plusieurs titres mondiaux, en 2018 notamment, dans la peau de Xayah (une révolutionnaire de l’univers LoL, armée de plumes tranchantes) ou de Rathalos (le monstre emblématique de la franchise Monster Hunter).

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