En présentant la nouvelle famille de puces M3, Apple n’a pas manqué d’en souligner les gains de performance mirifiques… mais en se référant constamment à la puce M1 et à des processeurs Intel qui n’ont plus cours dans les Mac depuis des années. Le constructeur aurait-il peur des comparaisons avec la puce M2 ?
Avec leur gravure à 3 nm et une nouvelle architecture GPU, les puces M3 ont fière allure et de quoi creuser à nouveau l’écart avec une concurrence — notamment celle de Qualcomm — de plus en plus agressive. Les M3 ont aussi pour mission de faire oublier des puces M2 qui n’ont pas permis aux ventes de Mac de rebondir ; cette famille de silicium, qui équipe toujours la plus grande partie des ordinateurs Apple, est largement perçue comme un « speed bump ».
Comme on pouvait s’y attendre, Apple a sorti les superlatifs habituels pour vanter les mérites des puces M3. Mais en y regardant de plus près, il y a tout de même quelques bizarreries. Le constructeur a ainsi axé sa communication sur les comparatifs avec les puces M1 et les processeurs Intel qui équipaient les Mac avant la transition Apple Silicon.
Ainsi, l’iMac M3 est présenté comme « jusqu’à 4 fois plus rapide que le plus puissant modèle d’iMac 21,5 pouces à processeur Intel » et « jusqu’à 2,5 fois plus rapide que les modèles les plus appréciés d’iMac 27 pouces à processeur Intel ». L’iMac 21,5 pouces a disparu du catalogue d’Apple en avril 2021, dans la foulée du lancement du nouveau modèle de 24 pouces (M1). Quant à l’iMac 27 pouces, la fin de commercialisation remonte à mars 2022, sans successeur à l’horizon.
Apple oppose aussi volontiers la puce M3 à la puce M1. Le nouvel iMac est ainsi « jusqu’à 2 fois plus rapide » que son prédécesseur à puce M1. Pour le tout-en-un, cette comparaison a du sens, après tout l’iMac a sauté la génération M2. Mais on retrouve ces mêmes arguments pour les MacBook Pro alors qu’il existe des modèles M2 Pro et M2 Max encore très frais dans les mémoires — après tout, ils remontent au mois de janvier !
Dès lors, malgré les changements apportés par Apple, les puces M3 n’ont-elles rien à offrir de plus que les puces M2 ? Certainement pas ! Les cœurs économes des puces M3 sont ainsi 30 % plus rapides que leurs équivalents des puces M3, et 50 % plus véloces que ceux de la famille M1. Quant aux cœurs performants des M3, ils sont respectivement 15 % et 30 % plus rapides que les M2 et M1.
Quant aux comparaisons avec les processeurs Intel, Apple les a probablement glissées ici en espérant pousser les utilisateurs de ces anciens Mac à franchir le Rubicon et renouveler leur matériel avec ces nouveaux iMac et MacBook Pro. Au passage, cela peut aussi indiquer la volonté du constructeur de passer à autre chose avec macOS : chaque nouvelle version du système d’exploitation apporte des fonctions exclusives aux Mac avec puces Apple, délaissant un peu plus les Mac Intel. Le jour où macOS sera exclusif aux Mac Apple Silicon est peut-être plus proche qu’on ne le pense.
Une histoire de cœurs
Apple a tout de même dû faire des compromis, notamment sur la variante Pro de la M3. Celle-ci compte 12 cœurs, comme la M2 Pro, mais la configuration diffère : la M3 Pro contient ainsi 6 cœurs performants + 6 cœurs économes, contre 8 cœurs performants + 4 cœurs économes sur la M2 Pro. Étonnant aussi, la bande passante mémoire est de 150 Go/s sur la nouvelle puce Pro, contre 200 Go/s sur les M1 Pro et M2 Pro.
Une différence de 25 % pointée par MacRumors qui pourrait avoir des conséquences pour certaines tâches nécessitant un transit important de données entre le CPU, le GPU et la mémoire (rendu vidéo, manipulation de bases de données, jeux vidéo très exigeants).
La puce M3 Max de base (14 cœurs CPU, 30 cœurs GPU) est également « limitée » si on peut dire à une bande passante de 300 Go/s, alors que la M2 Max équivalente (12 cœurs CPU, 30 cœurs GPU) affiche 400 Go/s. Pour bénéficier de cette bande passante mémoire avec la M3 Max, il faut sélectionner la variante plus puissante (et plus onéreuse) avec 16 cœurs CPU et 40 cœurs GPU.
Néanmoins, il faut garder en tête que la bande passante mémoire ne fait pas tout et que d’autres éléments ont aussi une influence sur les performances d’une puce. Les premiers benchmarks « dans la vraie vie » pourront nous donner une meilleure idée.
Enfin, le neural engine, cette puce dédiée aux calculs indispensables aux fonctions d’intelligence artificielle, est sensiblement moins puissant pour la M3 que pour l’A17 Pro (la puce des iPhone 15 Pro étant techniquement très proche avec la même finesse de gravure). Certes, elles embarquent toutes deux 16 cœurs, mais la puissance n’est pas la même : 18 000 milliards d’opérations par seconde pour la M3, contre 35 000 milliards pour l’A17 Pro.
L’iPhone a certes plus de besoin en calculs IA qu’un Mac, ne serait-ce que pour Face ID et les traitements photo. Difficile donc de dire si ce différentiel en termes de puissance sera au détriment des nouveaux Mac.
Source :
MacRumors