Pas besoin de Netflix ou de HBO. La Silicon Valley s’est prise de passion pour un show qui n’a rien à envier à la série Game of Thrones, la saga médiévale, ou à Succession, plus mercantile – qui va s’emparer du conglomérat de papa ? Tout le week-end, le feuilleton a été commenté en direct par les figures de la tech, de retour sur X, soudainement redevenu Twitter, la plate-forme qui fait l’actualité.
Au cœur de l’intrigue : la start-up OpenAI. Lancée en 2017 par Sam Altman, Elon Musk et quelques autres, OpenAI est à l’origine de ChatGPT, le robot conversationnel qui a précipité une course aux armements digne des débuts de l’Internet entre les géants de la tech.
Héros de l’histoire, Sam Altman, 38 ans, allure de Petit Prince en quête de « l’économie d’abondance » promise par l’IA. Sam a grandi dans le Missouri, pas l’endroit le plus techno des Etats-Unis, mais, à 8 ans, il avait déjà démonté un Macintosh et, à 25, il était multimillionnaire. Dans le débat entre les « doomers » catastrophisants – l’IA va nous tuer tous – et les « techno-optimistes », partisans de continuer à faire tourner le moteur de ChatGPT à plein régime, il se décrit comme un « centriste ».
Celui qui trahit la mission
Antihéros : Ilya Sutskever, 37 ans, cofondateur d’OpenAI. Le sombre génie du deep learning, né en URSS (à l’époque), émigré en Israël, puis au Canada. Un surdoué qui suit des cours d’université dès la 4e, à Jérusalem. A l’université de Toronto, il intègre l’équipe du Britannique Geoffrey Hinton, le pionnier des réseaux de neurones artificiels. A 75 ans, celui-ci a démissionné en mai de Google. L’IA a « le potentiel de se fixer des buts qui ne soient pas alignés sur ceux que nous lui désignons », s’inquiète-t-il dans le New Yorker du 20 novembre. Ilya Sutskever serait lui aussi en proie à un questionnement existentiel – « un moment Oppenheimer », résument les internautes, dont aucun n’a manqué le film de Christopher Nolan sur les affres du père de la bombe atomique.
Saison 1. Vendredi 17 novembre, le conseil d’administration d’OpenAI annonce avoir démis Sam Altman de ses fonctions. Le globe-trotteur de l’IA a eu le tort d’avoir manqué de « franchise » dans ses conversations avec le board. Twitter s’enflamme, spécule. A qui profite le crime ? Ilya Sutskever a invité Sam pour une vidéoconférence sur Google Meet. Il lui a reproché de trahir la mission sacrée : « Construire une IA qui bénéficie à toute l’humanité. » Entre deux tweets effarés, les internautes s’esclaffent : « Microsoft a investi 10 milliards dans OpenAI et ils font leurs conférences sur Google Meet ? »
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