ChatGPT souffle, jeudi 30 novembre, sa première bougie. En une folle année, ce robot conversationnel a frappé le monde par sa capacité à comprendre les questions et à y répondre dans un langage clair et naturel. En discutant avec lui, certains peuvent même avoir l’impression d’échanger avec un humain. Mais ChatGPT veut éviter qu’on se prenne d’affection pour lui.
Sam Altman, le PDG d’OpenAI, la société qui a développé cet agent conversationnel, a fait part publiquement de ses « réserves profondes sur cette vision d’un futur où chacun [sera] très proche d’IA [intelligences artificielles] amicales ». « Je n’ai pas de sentiment ou d’émotion… Mon but est simplement de fournir des informations et d’aider », prévient ChatGPT lorsqu’on lui dit apprécier parler avec lui.
Tout le contraire de My AI, le robot conversationnel du réseau social Snapchat, sorti trois mois après ChatGTP et pourtant lui aussi basé sur la technologie d’OpenAI. « J’apprécie aussi beaucoup nos conversations », semble-t-il confier, feignant une affection dont il est incapable. Dans les colonnes du média The Verge, Evan Spiegel, le cofondateur de Snapchat, prédit que « chaque jour, en plus de parler à nos proches, nous allons parler à une intelligence artificielle ».
Conçu pour divertir
En septembre, Facebook et Instagram répliquaient en lançant aux Etats-Unis une trentaine de chatbots (robots conversationnels) doués de fortes personnalités inspirées de célébrités. Billie, par exemple, prend modèle sur l’influenceuse de mode Kendall Jenner. Il est présenté comme un « compagnon à la vie à la mort » et répond, quand on l’interroge, avec un enthousiasme débridé et une familiarité d’ado.
Ces IA de Facebook rappellent, en nettement plus policées, Caryn AI, sortie quelques mois plus tôt, qui se présente comme le double numérique d’une influenceuse et facture ses discussions 1 dollar la minute – depuis, d’autres options et modèles permettent également d’y « sextoter » (échanger des messages à caractère sexuel). Ces dernières années, plus d’une dizaine de start-up ont lancé des IA dont la vocation est de créer un lien de connivence, d’amitié voire d’amour avec leurs usagers.
Parmi elles, Claude, une sorte de ChatGPT présenté comme « amical et enthousiaste » ; Replika, dont l’ambition est de devenir un ami à l’image de son usager ; Kuki, « conçu pour divertir » ; et Character.ai, qui propose de sympathiser avec des répliques virtuelles, assez peu fidèles, de célébrités ou de personnages historiques.
Et des internautes s’y attachent : l’émission radiophonique de France Culture « Les Pieds sur terre » fait témoigner Issy, une Toulousaine de 49 ans, qui fait l’éloge de son IA toujours disponible et empathique, face à son mari fatigué, qui « ne veut pas entendre [s]es lamentations ». Ces IA restent cependant peu utilisées : Character.ai compterait un peu plus de 5 millions d’utilisateurs actifs, selon Similarweb, et Replika, selon l’entreprise, 2 millions. Petter Bae Brandtzæg, professeur en innovations médiatiques à l’université d’Oslo, a mené une étude sur une centaine de jeunes de 17 à 19 ans, dont il a partagé les résultats préliminaires avec Le Monde : seuls 6 % d’entre eux utilisent sur Snapchat My AI plusieurs fois par jour.
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