Décidément, en cette veille de fêtes, le président chinois, Xi Jinping, préfère jouer les pères Fouettard que les saints Nicolas, l’ancêtre du Père Noël. Alors que la Bourse de Hongkong s’endormait doucement, bercée par la perspective d’un long week-end festif, elle a été réveillée par un coup de tonnerre venu de Chine.
Pékin a annoncé, vendredi 22 décembre, de nouvelles mesures pour réduire l’addiction des jeunes aux jeux vidéo. Il n’en fallait pas plus pour que la vedette de la cote, Tencent, numéro un mondial du secteur, s’effondre de près de 16 % en séance, effaçant plus de 50 milliards de dollars (45,4 milliards d’euros) de capitalisation boursière. Pas de Noël pour Tencent.
Le nouveau règlement prévoit de limiter les achats intégrés de nouveaux accessoires ainsi que les récompenses en allongement de temps de jeu. Des messages d’alerte invitant à arrêter tout comportement « irrationnel » devront apparaître régulièrement, sans oublier l’indispensable bannissement de tout contenu « mettant en péril l’unité nationale ».
Ces restrictions réveillent de mauvais souvenirs. En 2021, le gouvernement avait carrément gelé tout développement de ce nouvel « opium spirituel » et en a limité l’usage auprès des jeunes à trois heures par semaine.
Ressources impressionnantes
Le pouvoir accuse pêle-mêle les jeux vidéo de pervertir la jeunesse, d’aggraver la myopie des enfants, le chômage des jeunes et même de participer à la baisse de natalité du pays.
En décembre 2022, les autorités avaient desserré l’étau, en autorisant la sortie de nouveaux jeux. Les investisseurs optimistes y avaient décelé la fin de cette offensive contre l’une des industries modernes les plus puissantes de Chine. Tencent en est le plus beau fleuron. Il possède la messagerie la plus utilisée du pays, WeChat, et des intérêts dans des acteurs majeurs du secteur en Occident, comme Epic Games aux Etats-Unis ou Ubisoft en France. Une colère pékinoise qui a aussi déferlé, entre autres, sur le leader du commerce en ligne Alibaba. Histoire de montrer qu’en Chine la politique tient le monde des affaires dans sa main et à son service.
Ces obstacles politiques n’empêchent pas le monde de l’Internet chinois de disposer de ressources impressionnantes. On a appris jeudi 21 décembre, par une dépêche Bloomberg, que la société ByteDance, à l’origine de TikTok et de son équivalent chinois, Douyin, prévoyait pour 2023 un chiffre d’affaires de 110 milliards de dollars, dépassant pour la première fois le roi Tencent et ses 85 milliards de dollars. La monétisation par le commerce de son réseau social remporte un succès considérable.
Il vous reste 5% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.