des peines de prison allant de quatre à dix-huit mois pour les 28 prévenus

des peines de prison allant de quatre à dix-huit mois pour les 28 prévenus


Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, mardi 19 mars, les 28 personnes jugées entre novembre et janvier pour le cyber-harcèlement en meute de l’agente d’influenceurs Magali Berdah à des peines allant de quatre à dix-huit mois de prison, assorties de sursis dans la moitié des cas. Il s’agit de la plus grande affaire de cyber-harcèlement jugée devant la justice française.

Il est « démontré » qu’au moment des faits, chacun des 28 prévenus « a eu connaissance du cyber-harcèlement subi par la victime et a fait le choix de s’inscrire sciemment dans celui-ci », a estimé le tribunal, qui a rappelé dans sa décision les « répercussions réelles » de ce phénomène pour la santé mentale de la victime. Environ la moitié des prévenus se sont présentés devant les juges, lors d’audiences qui se sont étalées sur plusieurs semaines.

« Sale chienne », « arnaqueuse », « tu mérites d’être décapitée et lapidée » : les débats avaient permis d’évoquer la virulence des dizaines de milliers de messages reçus par Magali Berdah, parfois assortis de menaces de mort, et dont certains revêtaient une connotation sexiste ou antisémite. Mme Berdah, 42 ans, avait confié au tribunal avoir été « à deux doigts de [se] jeter par la fenêtre ».

La peine la plus sévère prononcée mardi atteint douze mois de prison ferme. Les prévenus – âgés de 20 à 49 ans et résidant dans toute la France – ont, par ailleurs, été condamnés à des amendes allant de 300 à 700 euros, et à suivre un stage de citoyenneté. Il leur est interdit, pendant deux ans, d’entrer en contact, y compris sur les réseaux sociaux, avec la victime, à qui ils devront verser solidairement 54 000 euros au titre de son préjudice moral.

La plupart des prévenus ont expliqué qu’ils avaient voulu reprocher à Mme Berdah des pratiques commerciales trompeuses qu’elle aurait pu commettre à travers sa société Shauna Events – qui met en relation influenceurs et marques. Presque tous ont évoqué le rôle dans cette controverse du rappeur Booba, qui s’est lancé en 2022 dans une croisade contre Mme Berdah et ceux qu’il appelle les « influvoleurs » et qu’il accuse de multiples arnaques à l’encontre des internautes.

Booba mis en examen

Booba est lui-même mis en cause dans ce dossier, mais dans une procédure distincte : il est mis en examen depuis octobre 2023 pour harcèlement moral en ligne aggravé et placé sous contrôle judiciaire. La justice le soupçonne d’avoir envoyé, entre mai 2022 et mai 2023, au moins 487 messages sur les réseaux sociaux visant « directement » Mme Berdah, d’après des éléments de l’enquête consultés par l’Agence France-Presse (AFP).

Dans sa décision, mardi, le tribunal correctionnel a justement évoqué le rôle de Booba, en expliquant que les faits « découlent des publications du rappeur », dont « les prévenus avaient parfaitement connaissance », ont résumé dans un communiqué les trois défenseurs de Mme Berdah, Antonin Gravelin-Rodriguez, Rachel-Flore Pardo et David-Olivier Kaminski.

Mme Berdah doit, par ailleurs, être elle-même jugée en septembre à Nice pour banqueroute et blanchiment, mais pour des faits antérieurs à la création de sa société Shauna Events, tandis que cette agence fait l’objet d’une enquête préliminaire à Paris, notamment pour escroquerie. Quoi qu’il en soit, « rien ne saurait justifier le cyber-harcèlement, et certainement pas le comportement de la personne qui en est la cible », a commenté auprès de l’AFP Rachel-Flore Pardo.

Le Monde avec AFP

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