Cela fait toujours plaisir de voir que l’on est lu. Les experts de Viginum, l’agence française chargée de lutter contre la désinformation, viennent ainsi d’avoir une belle satisfaction. Comme le remarque le chef de la division des opérations de cette structure sur le réseau social Linkedin, le ministère de la Justice américain a cité à plusieurs reprises le travail des “frenchies”.
On retrouve en effet dix mentions de Viginum dans l’affidavit, le document judiciaire récapitulant l’enquête américaine sur des opérations de désinformation d’origine russe. Celle-ci a abouti le 4 septembre à la saisie de 32 sites web et des sanctions ou poursuites contre dix personnes, dont des cadres du sulfureux média russe RT.
Elles sont accusées d’avoir tenté d’influer sur l’élection présidentielle américaine de 2024, ou encore d’avoir tenté de réduire le soutien occidental à l’Ukraine.
Rapport de Viginum
Un an plus tôt, Viginum avait détaillé dans un rapport la mécanique des campagnes de désinformation d’origine russes RRN (Reliable Recent News). C’est “une nouvelle illustration de la stratégie hybride que la Russie met en œuvre pour saper les conditions d’un débat démocratique apaisé et donc porter atteinte à nos institutions démocratiques”, avait déploré un peu auparavant Catherine Colonna, la ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
Elle s’était exprimée après l’identification de 355 noms de domaine typosquattés. Plus précisément, l’affidavit américain cite quelques extraits du rapport du rapport de Viginum. Notamment pour souligner la mise en lumière française autour de l’utilisation de pages du réseau social Facebook pour propager les actions de désinformation.
Ou encore pour signaler les investigations autour de waronfakes.com. Ce nom de domaine douteux avait été enregistré en mars 2022 par un russe travaillant pour une organisation proche de l’administration présidentielle.
Accélération
Enfin, une semaine après la publication du rapport français mettant à l’index le site rrn.world, les enquêteurs américains ont également pu retracer la création de deux nouveaux noms de domaines de remplacement, rrn.media et vip-news.org. Des manigances dénoncées aujourd’hui par la justice américaine.
“Le gouvernement russe et ses mandataires accélèrent de manière agressive les efforts secrets du Kremlin pour diffuser de fausses histoires et amplifier la désinformation dirigée contre le public américain”, a notamment dénoncé l’un des cadres du ministère de la justice.
La recette est désormais bien connue. Elle mêle cybersquatting de nom de domaine, influenceurs, recours à l’intelligence artificielle pour diffuser des publicités sur les réseaux sociaux, ou encore la rémunération d’internautes invités à se faire passer pour des citoyens américains dans des commentaires en ligne.