Face aux difficultés, Uber s’est transformé, sans vraiment changer de modèle

Face aux difficultés, Uber s’est transformé, sans vraiment changer de modèle


Elles ne courent pas les rues, les entreprises dont le modèle économique est devenu un nom commun. On a eu le fordisme au début du XXsiècle. Une bonne centaine d’années plus tard, voici l’ubérisation. Mais, au fait, que vaut le modèle Uber ? Comment se porte l’entreprise symbole de la « désintermédiation » et de la prise de pouvoir des plates-formes numériques ? Le parangon du capitalisme 2.0, dont la brutalité des méthodes employées pour s’implanter un peu partout dans le monde a été révélée dans les « Uber Files », est-il en forme ?

Eh bien, pas tant que ça. D’abord, l’entreprise a affiché une perte de 5,9 milliards de dollars (5,4 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires de 6,9 milliards de dollars, au premier trimestre, alors qu’elle était devenue profitable à la fin de 2021. La chute est essentiellement due à la dépréciation de certaines participations de l’entreprise (dont celle dans le chinois Didi). Mais la publication a déçu les investisseurs, qui ont sanctionné la valeur en Bourse.

L’action Uber vaut aujourd’hui 22 dollars, alors qu’elle a été introduite à 45 dollars, le 10 mai 2019. A cette époque, l’entreprise était valorisée plus de 80 milliards d’euros, elle en vaut, à la mi-2022, moins de 45 milliards.

Une stratégie qui consomme beaucoup de capital

Comment la start-up californienne la plus prometteuse depuis Tesla en est-elle arrivée là ? Pour tenter de le comprendre, il faut remonter à la genèse du modèle et décrire sa transformation, face aux vents contraires. Une évolution qui a surtout consisté à, selon la célèbre formule, tout changer pour qu’au fond rien ne change.

La petite histoire raconte qu’en 2008, après une soirée de galère à chercher un taxi à Paris, Garrett Camp et Travis Kalanick ont l’idée d’UberCab, qui sera créé un an plus tard, à San Francisco. Le succès est alors foudroyant. Et il repose sur une formule simple : Uber rémunère très bien les chauffeurs, pour en attirer un maximum et faire en sorte que l’attente des clients ne dépasse pas cinq minutes.

De 2014 à 2021, en sept ans, Uber a accumulé 25 milliards de dollars de pertes, d’après l’entreprise

Un cercle vertueux est enclenché : davantage de chauffeurs, davantage de clients, davantage de chauffeurs, etc. L’idée de M. Kalanick, qui a pris les rênes de l’entreprise, c’est d’inonder le marché, d’être très vite le premier et le plus fort dans les villes où il débarque pour, dès le départ, mettre K.-O. la concurrence. Une fois qu’Uber est devenu indispensable, il augmente le prix des courses et se rémunère mieux, au détriment de la part des chauffeurs.

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