un an après, le crépuscule de NSO Group

un an après, le crépuscule de NSO Group


RécitDepuis les révélations du « Projet Pegasus » en juillet 2021, l’entreprise israélienne fait face à une crise sans précédent, entre de multiples révélations sur l’utilisation de son logiciel espion, ses difficultés financières et de nombreux procès.

Sous les stroboscopes, les hommes et les femmes de NSO Group dansent. En cette fin de novembre 2021, la fête annuelle que donne pour Hanoukka le fabricant israélien du logiciel espion Pegasus bat son plein. Habituée à une insolente santé financière, l’entreprise a pris l’habitude de mettre tous ses employés dans un avion pour une destination exotique à l’autre bout de la planète. Cette année comme la précédente, pandémie oblige, ils doivent se contenter d’un superbe hôtel de la station balnéaire d’Eilat, sur les bords de la mer Rouge.

La journée, les employés flânent entre la piscine et le bar, un verre ou un cigare à la main, sous les palmiers et le soleil du mois de novembre. Le soir, leur patron Shalev Hulio, en tee-shirt et rangers, fait une apparition sur une grande scène futuriste où trône le logo de l’entreprise. Puis, les bras en l’air, les hommes et les femmes de NSO Group dansent comme si les semaines qui viennent de s’écouler n’avaient pas été, pour leur entreprise, les plus compliquées de ses onze années d’existence.

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La crise a commencé le 18 juillet avec les publications du « Projet Pegasus ». Coordonnés par le réseau international de médias Forbidden Stories et avec l’aide d’Amnesty International, Le Monde et seize autres rédactions ont révélé le dévoiement systématique du logiciel espion Pegasus, le produit phare de NSO Group. Activistes, journalistes, politiques… En France, en Inde, en Hongrie, au Maroc ou en Azerbaïdjan, les téléphones de dizaines de membres de la société civile ont été infectés par ce puissant logiciel espion pour smartphone, et des centaines d’autres ont été ciblés.

Ce n’est pas la première fois que la presse et des chercheurs spécialisés font la lumière sur les abus de ce puissant outil de surveillance. Mais jamais autant de victimes n’avaient été mises au jour – ni autant de pays clients de l’entreprise révélés. Mais les danseurs d’Eilat ne savent pas encore que les révélations n’en sont qu’à leurs prémices : dans les mois qui suivent, des dizaines de nouvelles victimes vont être identifiées, confirmant le dévoiement systématique du logiciel espion.

Une litanie de nouvelles victimes

En Pologne, par exemple, où des révélations liées à l’utilisation de Pegasus déclenchent une tempête politique. Et pour cause : des analyses techniques ont révélé en février que le téléphone du sénateur Krzysztof Brejza avait été infecté alors qu’il organisait en 2019 la campagne du principal parti d’opposition. Son père et son assistante ont aussi été visés. Ceci expliquant peut-être pourquoi certains de ses messages avaient fuité en pleine campagne d’une élection remportée de justesse par le parti adverse, Droit et justice, encore au pouvoir aujourd’hui. D’autres victimes polonaises ont été identifiées, notamment l’avocat Roman Giertych, qui défend des membres de l’opposition et a lui aussi été infecté par Pegasus en 2019. Ou la procureure Ewa Wrzosek, très critique du gouvernement qui a, elle, été piratée en 2021.

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