A l’université, ChatGPT comme outil pédagogique plutôt que comme instrument de triche

A l’université, ChatGPT comme outil pédagogique plutôt que comme instrument de triche


Marie-Françoise Saudraix-Vajda ne mâche pas ses mots. « Partir du principe que les étudiants vont tricher plutôt que de travailler, c’est quand même un peu désobligeant, vous ne croyez pas ? », estime la maîtresse de conférences en histoire à la Sorbonne. Depuis sa mise en ligne en novembre, ChatGPT, un prototype d’agent conversationnel utilisant l’intelligence artificielle (IA) pour interagir avec ses utilisateurs, inquiète les communautés enseignantes. Le logiciel, capable de répondre à n’importe quelle question avec des textes courts de bonne qualité, pourrait être utilisé massivement pour tricher. « Je ne suis pas vraiment inquiète », enchaîne la chercheuse. Une sérénité pareillement affichée par la dizaine d’enseignants-chercheurs avec lesquels Le Monde a pu échanger.

« L’effervescence autour de ChatGPT est avant tout médiatique, analyse de son côté Laure Soulier, maîtresse de conférences et chercheuse rattachée à l’Institut des systèmes intelligents et de robotique. La grande nouveauté est qu’OpenAI propose cette technologie au grand public. » Alors que la mise en ligne de ce nouveau logiciel a poussé les universités australiennes à changer leurs modalités d’examens pour revenir aux devoirs sur table, les effets de ChatGPT ne se font pas encore sentir dans l’enseignement supérieur français.

Si le monde de l’enseignement reste en alerte (interrogé par BFM-TV, le ministère de l’éducation nationale explique suivre « attentivement cette question et les potentielles utilisations de cette innovation »), un des seuls témoignages de triche, révélé par nos confrères du Progrès et concernant sept étudiants d’une classe de quatorze, est aujourd’hui remis en doute par nos confrères de BFM-TV.

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« Ce qu’il faut comprendre, c’est que ChatGPT fonctionne en prédisant, à partir des mots précédents, le mot suivant le plus probable, reprend Laure Soulier. Il y a des structures régulières, des formes de ponctuation particulières. On peut arriver à identifier ces points et donc repérer l’utilisation d’intelligence artificielle. »

Lancé le 16 janvier, le site detecteur.dng.ai permet déjà d’analyser l’utilisation de l’IA dans un texte. Les entreprises de logiciels antiplagiat, largement utilisés dans le monde universitaire, se disent déjà sur le coup. « Nous préparons depuis plusieurs années une fonctionnalité de détection des similitudes basée sur le sens et l’agencement des idées dans un texte, développe Frédéric Agnès, dirigeant de Compilatio, un important fournisseur de logiciel antiplagiat pour les universités françaises. A la suite de l’intérêt récent pour ChatGPT, nous priorisons nos travaux pour identifier plus rapidement les sources à partir desquelles il produit ses textes, détecter les similitudes de style entre un texte et “l’auteur ChatGPT” et, enfin, la cohérence entre un texte d’un étudiant et ses productions antérieures. »

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