Acheter une imprimante à bas prix n’est pas forcément une bonne affaire

Acheter une imprimante à bas prix n’est pas forcément une bonne affaire


En 2017, le cabinet d’études IHS Markit calculait qu’une imprimante HP vendue 65 euros coûtait en réalité 110 euros à fabriquer. En 2024, rien n’a changé, la marque vend toujours à perte : « Nous perdons de l’argent sur le matériel », a ainsi affirmé son PDG, Enrique Lores, interrogé par la chaîne américaine CNBC, le 18 janvier. L’astuce étant dans la deuxième partie de la phrase : « Nous gagnons de l’argent sur les consommables ! », a-t-il ainsi ajouté, expliquant que HP « investit sur (chaque) consommateur ».

La marque se rattrape en effet sur les cartouches, qui coûtent parfois plus cher que l’imprimante elle-même. En 2017 déjà, l’association Halte à l’obsolescence programmée dénonçait le prix de l’encre contenue dans ces cartouches, qui montait, selon elle, jusqu’à 2 000 euros le litre. Pour l’usager, il existe toutefois, depuis 2015, une alternative à ce schéma absurde : les imprimantes à réservoirs d’encre. Après HP et Epson, les marques Canon et Brother en proposent aujourd’hui.

Pas de cartouche à remplacer régulièrement sur ces modèles : l’encre est logée dans d’immenses réservoirs qu’on recharge, et de façon très espacée dans le temps. Résultat : elles produisent moins de déchets et leur encre est incomparablement moins coûteuse. Le coût de chaque impression est d’environ trente fois moins chère, selon nos calculs basés sur les tests d’impression très complets réalisés par le magazine Que Choisir en décembre 2023, dans un grand comparatif d’imprimantes jet d’encre multifonctions.

Rentables dès vingt impressions par mois

Certes, les imprimantes à réservoirs d’encre sont plus chères : les modèles les plus accessibles coûtent aux alentours de 170 euros, contre 60 euros environ pour les imprimantes à cartouche équivalentes. Mais si l’écart est conséquent, les utilisateurs parviendront à amortir la différence de coût au fil du temps.

Comparativement à une imprimante à cartouches, le seuil de rentabilité d’une imprimante à réservoirs se situe en effet aux environs de 1 200 impressions de texte au format A4, si l’on se fonde sur les coûts à la copie évalués par Que Choisir. Un chiffre s’approchant des évaluations du magazine concurrent, 60 Millions de consommateurs, qui place le seuil à 1 500 impressions.

Concrètement, pour le consommateur, cela veut dire qu’une imprimante à réservoirs d’encre sera plus économique qu’une imprimante à cartouches traditionnelles, dès lors qu’au moins vingt à vingt-cinq feuilles de texte au format A4 sont imprimées chaque mois – une imprimante vivant environ cinq ans, d’après un sondage de Que Choisir.

Les usagers se contentant rarement d’imprimer du texte, Que choisir a également évalué les coûts d’impression pour une petite photographie 10 x 15 cm : ceux-ci sont presque trois fois supérieurs à ceux d’un texte A4 (hors prix du papier). Dans ce cas précis, le seuil de rentabilité des imprimantes à réservoirs se situe alors autour de six reproductions de photographies de ce format par mois, ou environ une photo A4 et demi. Et dans le cas d’un usage mélangeant texte et photo, le seuil sera d’environ trois photos 10 x 15 cm plus dix pages de texte A4 par mois. Et si votre usage est plus limité que cela, une imprimante traditionnelle à cartouche sera plus économique.

Le facteur écologique

A noter que ce seuil n’est valable que si l’on emploie les cartouches officielles des fabricants. En recourant à des cartouches génériques, on abaisse les coûts d’impression de moitié environ, selon les tests de Que Choisir. Les modèles à réservoirs d’encre deviennent alors moins attractifs : leur seuil de rentabilité remonte à 2 400 impressions de texte A4 ou huit cents photos 10 x 15 cm. Sur une base mensuelle, cela représente six photographies 10 x 15 cm et vingt pages de texte.

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Les cartouches génériques n’ont cependant pas que des atouts. Il n’y en a pas pour tous les modèles d’imprimante, et les fabricants leur font la chasse : il existe un risque qu’elles soient subitement bloquées pendant l’utilisation de l’imprimante à la suite d’une mise à jour logicielle. Qui plus est, les tests de Que Choisir ont montré que ces encres génériques ne valaient pas celles des fabricants. Leur qualité d’impression est un peu moindre et leurs couleurs se dégradent plus vite lorsqu’on les expose à la lumière du jour.

Demeure aussi la question écologique : avec leurs cartouches usagées, les imprimantes traditionnelles génèrent plus de déchets. En outre, leur prix étant bas, à la moindre panne, on peut être très tenté de les mettre à la poubelle, au contraire d’un modèle à réservoirs d’encre, facturé près de trois fois plus cher, que l’on apportera plus facilement au service après-vente. Pour la planète, ça n’est pas un détail : il se vend chaque année près de deux millions d’imprimantes en France, dont une majorité de modèles jet d’encre, selon le cabinet d’études Xerfi.



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