Après les émeutes au Brésil, la traque aux insurgés se poursuit sur les réseaux sociaux

Après les émeutes au Brésil, la traque aux insurgés se poursuit sur les réseaux sociaux


C’est un compte Instagram au succès foudroyant. « Contragolpe Brasil » (« Contreputsch Brésil »), créé le 9 janvier au matin, a gagné, en une petite semaine, plus de 1,1 million d’abonnés en ligne. Son objectif est clair et affiché en exergue dans sa description : l’« identification de personnes qui portent atteinte à la démocratie au Brésil ». Soit la traque des émeutiers responsables du saccage des institutions démocratiques du pays, le 8 janvier.

En une dizaine de jours, plus de 220 « putschistes » présumés ont déjà vu leur identité dévoilée en ligne

Selon ses dires, le compte fonctionne de manière collaborative. Les internautes envoient des dénonciations détaillées concernant les personnes suspectées d’avoir participé aux émeutes. Contragolpe Brasil publie ensuite leurs noms, accompagnés de leur photographie au moment des faits et de leur ville de résidence. En une dizaine de jours, plus de 220 « putschistes » présumés ont déjà vu leur identité dévoilée en ligne.

Au Brésil, le compte Instagram est loin d’être un cas isolé. Il est appuyé par toute une série d’autres profils sur les réseaux sociaux. Parmi eux, le compte Twitter Gado decider (158 000 abonnés), qui se fait fort de traquer les bolsonaristes du pays, comparés à de vulgaires bœufs (gado, bovin en portugais). Contragolpe a également reçu le soutien d’internautes influents, dont Felipe Neto, l’un des youtubeurs les plus suivis de la planète.

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Suspicion de culpabilité

Cette pratique dite du denuncismo (« dénoncisme », ou délation) n’est pas sans poser question. Nombreux au Brésil sont ceux qui dénoncent ainsi les risques, tant sur le plan moral que légal, d’une méthode consistant à jeter en pâture sur les réseaux sociaux l’identité et les détails privés de simples suspects, qui n’ont parfois ni été arrêtés par la police ni fait l’objet d’une procédure en justice.

« Cette violation de la vie privée et de la présomption d’innocence met en danger les personnes mais aussi leurs familles », explique Denise Dora

« Cette méthode est choquante et risquée : les chances d’accuser à tort des innocents sont énormes », souligne Denise Dora, directrice de l’ONG Artigo 19, œuvrant pour la défense de la liberté d’expression au Brésil. « C’est le résultat de la grande confusion et de l’immense émotion qu’ont suscité les événements du 8 janvier. Tout cela se répercute directement sur les réseaux sociaux, constate-t-elle. Cette violation de la vie privée et de la présomption d’innocence met en danger les personnes mais aussi leurs familles. »

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