Aux Pégases, les Césars du jeu vidéo, un chat et des rats dominent le palmarès

Aux Pégases, les Césars du jeu vidéo, un chat et des rats dominent le palmarès


La quatrième édition des Pégases, cérémonie qui célèbre le jeu vidéo français, organisée par le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV) en partenariat avec la société Webedia, s’est tenue le 9 mars dans la salle de La Cigale, à Paris.

Ces prix, sur le modèle des Césars, sont décernés chaque année depuis 2020 par une académie des arts et techniques du jeu vidéo composée de près de 1 500 professionnels du secteur. Pour espérer remporter l’une des dix-neuf statuettes distribuées cette année, les éditeurs ont dû, en retour, payer un ticket d’entrée dans les différentes catégories.

Au terme de cette nouvelle édition, les Bordelais d’Asobo et les Montpelliérains de Blue Twelve font figure de grands gagnants avec, respectivement, quatre trophées pour A Plague Tale : Requiem et trois trophées pour Stray.

La présidente du SNJV, Anne Devouassoux, a rendu hommage au créateur de jeu Eric Viennot, mort en juillet dernier.

Asobo, un retour gagnant

A Plague Tale : Requiem est un jeu d’aventures et d’infiltration qui débute en Provence, au XIVe siècle, et qui place ses personnages sous une double menace : la guerre de Cent Ans et la peste noire. Après avoir raflé près de la moitié des prix de la première édition de la cérémonie avec le précédent épisode, A Plague Tale : Innocence, Asobo a glané avec sa suite, sombre et touchante, les prix du public, de l’excellence narrative, de l’excellence visuelle et du meilleur univers sonore.

A cette moisson s’ajoute indirectement le prix d’honneur attribué à Olivier Derivière, le compositeur de la musique du jeu. Le Français, qui avait déjà signé les partitions de Vampyr et Dying Light 2, y a proposé un univers musical marquant, alternant des chœurs, instruments médiévaux et des déchaînements de cordes, pour accompagner le périple des jeunes Amicia et Hugo.

Lire aussi : On a testé… « A Plague Tale : Requiem », une histoire d’amour fraternelle au temps de la Peste noire

« Stray » en embuscade

De son côté, Blue Twelve peut s’enorgueillir d’avoir remporté le très convoité prix du meilleur jeu, celui du meilleur premier jeu et celui du meilleur jeu indépendant. Belle performance pour un studio, fondé en 2016, qui n’a pour l’heure qu’une production à son actif.

Le jeu d’exploration Stray propose d’incarner un chat de gouttière, perdu dans le dédale d’une ville peuplée de robots. Cette pépite française a déjà brillé à l’étranger : le félin a raflé un prix à la cérémonie américaine des Game Awards ou aux Steam Awards.

Lire aussi : On a testé… « Stray », virée féline dans la cité des robots perdus

Autre studio à l’honneur : Shiro Games, qui a gagné le prix de la meilleure innovation technologique pour Dune : Spice Wars, une adaptation prenante du roman de Franck Herbert en jeu de gestion, pour l’heure seulement disponible en accès anticipé. Nicolas Cannasse, président du studio à l’origine de Northgard et Evoland, a aussi été couronné personnalité de l’année, succédant à Dinga Bakaba, le directeur d’Arkane Lyon.

Le Pégase de la « personnalité de l’année » a été remis à Nicolas Cannasse, président de Shiro Games, par Jean-Noël Barrot, le ministre délégué à la transition numérique.

Du kung-fu, des automates et une station-service

Des expériences audacieuses se sont également distinguées. Sifu, de Sloclap, jeu de kung-fu aussi virtuose qu’exigeant, a remporté le prix du meilleur game design. Un autre jeu d’action, Steelrising, de Spiders, s’est vu décerner le prix de la meilleure accessibilité. Il s’agit d’une uchronie située dans un Paris du XVIIIe siècle dans laquelle le joueur incarne un automate charismatique au service de Marie-Antoinette.

Flat Eye ne démérite pas non plus. En mettant le joueur à la tête d’une station-service, cette réflexion brillante sur le management a valu à Monkey Moon le prix « Au-delà du jeu vidéo ». Cette catégorie, inaugurée l’année dernière, récompense une œuvre véhiculant des thématiques engagées sur le plan social ou politique.

Du côté des services d’exploitation, une catégorie qui désigne des jeux dont le contenu est enrichi et monétisé sur le temps long, Solasta : Crown of the Magister s’impose. Tactical Adventures gagne ainsi un deuxième Pégase d’affilée, après celui de meilleur premier jeu de l’année dernière.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pourquoi la France inspire de plus en plus les jeux vidéo

« Elden Ring » rafle encore une statuette

Mais la cérémonie, placée sous le signe des productions et des créateurs hexagonaux, n’omet pas non plus la scène internationale en proposant trois catégories pour les jeux étrangers.

Le Monde

Offre spéciale étudiants et enseignants

Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 8,99 euros par mois au lieu de 10,99 euros

S’abonner

Moins de surprises concernant ce palmarès. L’ogre japonais Elden Ring est sacré meilleur jeu étranger ; une statuette équestre viendra donc s’ajouter sur les étagères du studio FromSoftware, qui doivent crouler sous les récompenses tant le jeu a dominé tous les classements de l’année 2022. L’indéniable réussite du très malin jeu canadien Tunic vaut au studio Finji de se placer comme meilleur jeu indépendant. Sur mobile, enfin, c’est l’adaptation de Spiritfarer, canadien lui aussi, sorti sur PC en Switch en 2020, qui a été primé.

L’événement animé par Salomé Lagresle a alterné les remises de prix et des magnétos présentés par des « influenceurs » jeux vidéo tels que MisterMV ou Kayane, expliquant (on se demande un peu à qui) le concept du speedrun, de l’esport ou du cosplay. Il s’est déroulé en présence de la ministre de la culture, Rima Abdul-Malak, et du ministre délégué à la transition numérique, Jean-Noël Barrot, venus dire à quel point le jeu vidéo était « une fierté nationale », un secteur qu’il fallait soutenir pour mieux « exporter notre culture et nos valeurs » – tout en reconnaissant qu’il demeurait des « progrès à faire du côté de la féminisation de la filière ».

Kayane lors de la cérémonie des Pégases.

Une cérémonie calibrée, très pro, très sage, ne déraillant finalement un petit peu, comme en 2020, que lors de la prise de parole de Laurent Victorino. Venu à l’époque recevoir le prix du jeu vidéo indépendant pour Night Call, le fondateur du studio Monkey Moon avait alors pris position contre les 240 euros de frais dont devaient s’acquitter les développeurs souhaitant soumettre leurs jeux au jury de l’Académie. « Il y a trois ans, j’ai reçu des messages pour mes propos “politisés” », rappelle-t-il alors qu’il montait cette année sur scène pour recevoir le prix « Au-delà du jeu vidéo » remis à son nouveau jeu, Flat Eye. Depuis trois ans, les conditions n’ont trop changé : je ne vais pas changer de discours. Ouvrons les portes ! », a-t-il lancé aux organisateurs des Pégases.

Lire aussi : Jeu vidéo : « A Plague Tale : Innocence » triomphe aux Pégases



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.