Bob Iger, photo issue de la couverture de son livre The Ride of the Life Time – D.R.
Rares sont les patrons des grands groupes médias à s’exprimer sur leur vision du marché une fois la page de leur mandat de patron tournée. Bob Iger a choisi de s’exprimer, lui qui prépare un nouveau livre qui devrait sortir en 2024 et dans lequel il devrait expliquer pourquoi les dirigeants ont réussi ou échoué pendant la crise du COVID. Parmi les points essentiels de son intervention, plusieurs méritent d’être commentés. Selon lui, on est dans une « ère de grande anxiété, parce que c’est une ère de grande transformation. »
L’ancien patron de Disney a exprimé un jugement très tranché sur le potentiel du cinéma pour les prochaines années : « Je ne pense pas que les films reviennent un jour, en termes de fréquentation, au niveau qu’ils avaient avant la pandémie. » Il a même enfoncé le clou en précisant : « L’industrie du cinéma avait l’habitude de soutenir que vous ne pouviez pas créer un impact culturel sans que les gens se rendent au cinéma autour du globe le même week-end. Je ne suis plus d’accord. » Et de conclure : « Cela ne signifie pas que la fréquentation des salles de cinéma va disparaître, mais elle ne reviendra pas au niveau d’avant. »
A date, le box-office 2022 lui donne raison, aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, où les performances de 2019 restent inégalées. Et le raccourcissement de la chronologie américaine à 45 jours ne va certainement pas arranger les choses.
Bob Iger a fait part de son inquiétude pour les groupes média qui étaient peu diversifiés : « Si vous n’êtes que dans le secteur des chaînes, vous êtes dans une situation très difficile. » Selon lui, « La télévision linéaire et le satellite s’approchent d’un grand précipice. »
La baisse des audiences conjuguée à la vague de désabonnement aux chaînes du câble qui n’en finit pas fragilise les chaînes TV traditionnelles. Si on ajoute la nouvelle concurrence des streamers sur la publicité, l’avenir des chaînes s’assombrit de mois en mois. Le cabinet MoffettNathanson l’a récemment évoqué : « Cependant, si la détérioration de la situation des abonnés se poursuit, nous pensons qu’il existe un risque croissant pour nos estimations futures, en particulier pour 2023 et au-delà, car l’écosystème de la télévision payante se réduit plus rapidement. »
Selon Bob Iger, tous les streamers ne sont pas logés à la même enseigne : « Je ne pense pas que tous les streamers soient créés égaux. Je ne pense pas qu’ils vont tous réussir. » Ses favoris ? Netflix et Disney+. « La publicité va prospérer dans le monde du streaming. Je pense que ce que Netflix va faire en matière de publicité, ce que Disney a annoncé, ce sont des mesures intelligentes car cela va donner le choix aux consommateurs. » Ses doutes : Peacock de NBCUniversal et HBOMax de WarnerBros.Discovery en précisant : « je ne vais pas faire de prédictions pour les autres. »
Pour Bob Iger, les choses sont claires : l’avenir des studios passe par le streaming. Un avertissement pour les acteurs européens qui n’ont toujours pas réussi à placer une de leur plateforme sur le podium.
(function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = "//connect.facebook.net/fr_FR/all.js#appId=243265768935&xfbml=1"; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs); }(document, 'script', 'facebook-jssdk'));