ces parents qui « postent » leurs enfants

ces parents qui « postent » leurs enfants


On sait depuis le début du XXIe siècle que s’il n’est pas socialement encouragé de se répandre dans les dîners avec ses succès, ses opérations immobilières ou ses destinations de vacances, il est bien sûr toléré de le faire sur les réseaux sociaux. Ils sont aussi devenus l’endroit où l’on peut se flatter des accomplissements de ses rejetons, depuis les premières photos de rentrée des classes cartable sur le dos aux résultats du bac au mois de juin.

Entre les deux, des parents partageurs y postent dessins de maternelle, bons mots de devoirs d’expression écrite, photos des affiches de campagnes de délégués dont le programme prévoit l’adoption d’un hamster par la classe, médailles de judo, extraits de lettres envoyées depuis la classe verte… et plein d’autres triomphes qu’on aurait pu croire destinés au WhatsApp familial.

A défaut d’étiquette, il y a un nom pour ça, le « sharenting », de share – partager – et de parenting, qu’on emploie désormais en anglais quand on veut donner un vernis scientifique au mot « parentalité ».

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Autrefois, les bonnes familles écrivaient une circulaire annuelle pour tenir au courant l’entourage des situations des uns et des autres. Le sharenting des exploits familiaux sort de ce cercle restreint pour informer des gens qui ne connaissent pas forcément les enfants en question, voire ne savaient même pas qu’ils existaient. Et à une époque étrangement déterministe en matière d’éducation, les accomplissements des enfants deviennent des trophées parentaux.

A quoi on les reconnaît

Ils ont l’habitude de commencer leurs posts par « Je n’ai pas l’habitude de » (partager des informations personnelles, faire de l’autopromotion…). Ils utilisent volontiers les hashtags #fiers (comme dans #fierdemonfils), surtout sous les photos de réalisations auxquelles ils ont largement contribué (les affiches de la campagne de délégués imprimées en couleur au bureau, ou les panneaux d’exposé collés jusqu’à minuit la veille pendant que l’enfant dormait).

Depuis qu’ils ont posté l’IRM de la blessure au pied de leur fils au foot (« trop d’entraînement cette saison »), leurs amis et collègues connaissent désormais leurs enfants de l’intérieur. Ils parlent facilement de « droit à l’image » à l’idée que la maîtresse envoie à la classe des clichés de la première sortie scolaire, mais ils postent tranquillement les photos du dernier bulletin de leur fils. Ils vont à des conférences « Nos enfants et les réseaux sociaux ».

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Ils arrêtent de poster pendant les années lycée pour un dernier tour d’honneur au moment des remises de diplôme (on analysera dans quelque temps le rôle qu’ont joué réseaux sociaux et séries télé dans l’adoption des ­graduations à l’américaine avec ­lancers de chapeaux en France), et avant de faire circuler le CV de leur enfant sur LinkedIn.

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