« C’est en aidant les familles que nous éviterons que les écrans deviennent de nouvelles nounous »

« C’est en aidant les familles que nous éviterons que les écrans deviennent de nouvelles nounous »


Rayan, Nicolas et Riley sont trois enfants adressés il y a quelques mois à la consultation de « surexposition écrans », dans le service de pédiatrie de l’hôpital Jean-Verdier de Bondy (Seine-Saint-Denis).

A deux ans et demi, Rayan ne dit pas un mot quand il arrive à l’hôpital, mais il fredonne en boucle le générique de son dessin animé préféré, Les Titounis. Et pour cause : il l’a déjà regardé sur la télévision des centaines de fois. La maman de Rayan l’élève seule dans un studio, avec de faibles revenus. Lorsqu’on l’interroge, le constat est accablant : Rayan ne se calme que grâce à l’écran, ne mange que devant l’écran et ne s’endort qu’avec la tablette posée devant lui.

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Nicolas, 2 ans, ânonne sans fin l’alphabet et des chiffres en entrant dans la consultation, à la fierté de ses parents. En fait, le petit garçon n’utilise aucun mot qui a du sens, il est agité et ne se calme qu’en manipulant des chiffres ou en regardant ses comptines préférées. Papa, juriste, est resté avec lui à la maison pendant le confinement (maman est professeure de gestion en lycée), mais il a vite été débordé par la double charge apportée par le télétravail. Il est très peu sorti pour ne pas « attraper de maladies ». La télévision s’est alors imposée tout naturellement comme distraction, mais le temps d’écran a ensuite dérapé.

Précarité, solitude ou dépression

Riley est plus vieux, presque 2 ans, quand il arrive la première fois à la consultation, mais lui non plus ne parle pas et reste comme dans sa bulle. Il ne joue pas et préfère regarder des vidéos en boucle sur YouTube. Depuis qu’il est petit, il est très attiré par les écrans et maman (seule) a subi différents aléas de la vie qui l’ont fragilisée. Elle a fini par laisser Riley regarder plusieurs heures par jour sur la tablette des programmes qu’il choisit maintenant seul. Les quelques mots qui sont prononcés en consultation sont des noms de couleurs en anglais…

Pour de multiples raisons, précarité, solitude ou dépression, le temps d’exposition aux écrans a été majeur pour ces trois enfants. Les répercussions de ce temps volé aux interactions familiales sont encore aggravées par le peu de disponibilité des parents parfois eux aussi sur leurs écrans (notamment en raison du télétravail).

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Beaucoup des enfants vus en consultation à Bondy ont été exposés très tôt, souvent dès l’âge de 6 mois et fréquemment, durant six à huit heures par jour. Le confinement a un temps participé à cette situation, mais depuis, les familles ont gardé leur habitude de sortir peu et les écrans sont restés allumés.

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