Trente-deux ans et dix mois. Difficile de trouver un patron de studio de jeu vidéo resté plus longtemps en poste que Robert A. Kotick. Plus connu sous le nom de Bobby, l’Américain quitte, vendredi 29 décembre, ses fonctions de PDG d’Activision Blizzard. Son départ a été annoncé une semaine plus tôt dans un message public adressé aux près de 16 000 employés de l’éditeur américain, réputé pour la série Call of Duty, le jeu en ligne massivement multijoueur World of Warcraft ou les puzzles colorés de Candy Crush.
Ce changement intervient deux mois après la validation du rachat de son entreprise par Microsoft, pour une valeur de près de 69 milliards de dollars (62,5 milliards d’euros). Depuis l’annonce de cette acquisition en janvier 2022, la plus chère de l’histoire de l’industrie du jeu vidéo, le patron était sur la sellette et la transition à la tête de l’éditeur avait été fixée pour 2024.
L’heure serait au passage de témoin, selon Bobby Kotick. Dans sa dernière déclaration, le sexagénaire s’est réjoui d’« un nouveau chapitre très excitant qui s’ouvre à [Activision Blizzard] ». Son avenir est désormais aux mains de Phil Spencer, président de Microsoft Gaming – la division consacrée au jeu vidéo du géant américain, anciennement Xbox – , qui a lancé l’acquisition.
Sans successeur
Mais chez Microsoft, l’heure est plutôt à la réorganisation du groupe bâti par cet ogre du jeu vidéo. « Nous entrons dans une nouvelle étape pour aligner Activision Blizzard avec Microsoft Gaming », a annoncé Phil Spencer, dans un communiqué interne diffusé mercredi par le site américain The Verge. Les plus hauts cadres d’Activision Blizzard répondent désormais aux ordres de Matt Booty, un des hommes forts de Xbox. Personne ne remplace donc pour le moment Bobby Kotick. Si le poste reste vacant, cela acterait une liquidation de son héritage par la firme de Redmond.
Son empire s’est bâti grâce à l’irrésistible progression de la pratique du jeu vidéo depuis trois décennies. « Vous avez transformé un divertissement élaboré par des amateurs en média le plus engageant du monde », écrit-il à ses équipes dans son message public. La formule est moins un hommage au travail de ses troupes qu’un résumé de son héritage : celui d’avoir anticipé l’évolution du secteur, qui était souvent aux mains de créatifs et de programmeurs aux débuts des années 1990, en la plus grosse industrie culturelle au monde. Le chiffre d’affaires du jeu vidéo dépasse celui du cinéma et est estimé à 164 milliards d’euros en 2023, selon le cabinet spécialisé Newzoo.
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