Les détenteurs de Bitcoin bouleversent leurs habitudes à la suite de la débâcle de FTX. Échaudés par les méfaits de Sam Bankman-Fried, de nombreux investisseurs se détournent des plates-formes d’échange de cryptomonnaies centralisées.
La catastrophe FTX a provoqué un véritable séisme sur le marché des cryptomonnaies. Dans sa chute éclair, l’empire de Sam Bankman-Fried a emporté une foule d’acteurs phares de l’industrie. C’est le cas de la plate-forme BlockFi, qui vient de déclarer sa faillite, et de la société Genesis Trading, au bord du gouffre.
Ces turbulences ont généré une grave crise de confiance dans l’écosystème. Suite aux méfaits de Sam Bankman-Fried, et aux problèmes de liquidités rencontrés par certains acteurs, de nombreux investisseurs ont perdu confiance dans les plates-formes centralisées. Ils sont d’ailleurs nombreux à avoir retiré leurs cryptomonnaies des exchanges, craignant que la tempête affecte la concurrence.
Pénurie de bitcoins sur les exchanges
D’après les données blockchain analysées par Glassnode et CryptoQuant, une quantité historique de bitcoins a quitté les plates-formes ces dernières semaines. Glassnode, une firme d’analyse réputée du secteur, assure que « l’échec de FTX a créé un changement très distinct dans le comportement des détenteurs de Bitcoin ».
« Ces dernières semaines ont été marquées par la plus forte baisse mensuelle des soldes sur exchange de l’histoire, atteignant un sommet de 177 900 BTC/mois en volume de retrait », déclare Checkmate, l’analyste principal de Glassnode, dans une interview accordée à CoinTelegraph.
En conséquence, le nombre de bitcoins disponibles sur les plates-formes a plongé à son « pourcentage d’offre le plus faible (1,9 %) depuis décembre 2017 », qui signait la fin de la précédente période haussière. Les transferts sortants des exchanges ont représenté « environ 30 % de toutes les transactions au cours des dernières semaines ».
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L’autosuffisance est à la mode
Plutôt que de stocker leurs bitcoins sur des plates-formes centralisées, comme Binance, Crypto.com ou Coinbase, les détenteurs se tournent vers des solutions permettant de conserver eux-mêmes leurs clés privées. Les données blockchain montrent d’ailleurs une multiplication du nombre de nouvelles adresses dans le sillage de l’effondrement de FTX. Checkmate pointe du doigt « un mouvement à court terme vers l’autosuffisance ».
En conservant leurs clés privées, les investisseurs sont responsables de leurs cryptomonnaies et de leur préservation. Aucune entité tierce n’est impliquée dans le processus. Les tokens sont directement stockés sur la blockchain. En cas de perte des clés, il n’est plus possible de récupérer les devises numériques. Cette responsabilité effrayait généralement les nouveaux arrivants, qui préféraient s’appuyer sur une entité reconnue pour gérer leur épargne. La chute de FTX a visiblement changé la donne.
Depuis quelques semaines, les bitcoins sont rapatriés sur des portefeuilles de stockage à froid, comme une clé Ledger ou Trezor, ou un portefeuille en ligne. Comme on vous le disait récemment, certains fabricants de hardware wallet ont d’ailleurs enregistré une explosion de leurs ventes depuis la faillite de FTX. C’est le cas de la licorne française Ledger ou de Trezor, une marque américaine. Cette dernière a enregistré « une augmentation spectaculaire de l’intérêt » des consommateurs.
« Normalement, un marché baissier est plutôt une période calme pour nous, de sorte que cette élévation des ventes montre uniquement l’impact des effondrements de FTX et de BlockFi sur la confiance des gens », explique Josef Tětek, analyste chez Trezor.
Une foule de grands noms de l’industrie ont milité en faveur de l’autosuffisance ces dernières semaines. L’adage « not your keys, not your coins » (« pas tes clés, pas tes cryptos ») s’est d’ailleurs considérablement popularisé, y compris auprès des débutants, échaudés par la trahison de FTX. Toutes les catégories de détenteurs sont concernées par ce changement d’habitude, des petits possesseurs, baptisés « crevettes », aux plus gros propriétaires de BTC, les fameuses « baleines ». Tous les investisseurs semblent se détourner des services centralisés.
Quel impact sur le cours du Bitcoin ?
En général, une vague de bitcoins sortants des exchanges peut préfigurer une hausse du cours de la cryptomonnaie. En effet, les investisseurs qui migrent leurs cryptomonnaies en dehors des plates-formes ne prévoient pas de vendre. De facto, la volatilité du marché se réduit à mesure que l’offre de BTC se contracte. Il y a moins de bitcoins sur le marché, ce qui gonfle la rareté du token, provoquant une hausse mécanique du cours.
Malheureusement, il ne faudrait pas s’attendre à une augmentation des cours dans le contexte actuel. Marqué au fer rouge par FTX, le marché ne devrait pas reprendre des couleurs de si tôt. D’après plusieurs observateurs interrogés par Bloomberg, il est même possible que le cours reparte à la baisse et se stabilise autour des 10 000 dollars. Le Bitcoin se retrouverait donc au même niveau qu’en 2020, avant la phase haussière ayant abouti aux portes des 70 000 dollars.
Actuellement, le cours du Bitcoin oscille entre 16 000 et 17 000 dollars. Malgré la tempête FTX, la valeur de la reine des cryptomonnaies ne s’est pas complètement écroulée. Comme le souligne Mark Mobius, cofondateur du fonds Mobius Capital Partners LLP, c’est incroyable de voir comment le prix du Bitcoin a résisté.
« La cryptomonnaie est là pour rester, car il y a plusieurs investisseurs qui y ont encore confiance ».
En effet, le krach n’a pas entamé la confiance des investisseurs. D’après Glassnode et consorts, les détenteurs n’ont pas revendu leurs bitcoins à la suite de l’effondrement de FTX ou BlockFi. Interrogé par nos confrères de CNBC, le millionnaire Tom Lee, un des dirigeants du fonds Fundstrat, estime que les fondamentaux du Bitcoin restent inchangés :
« Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui jettent de l’huile sur le feu et s’en réjouissent. Ceux qui aiment vraiment la décentralisation et ce que fait Bitcoin s’en moquent. Ils doivent rester forts, même si 2022 a été horrible ».
Source :
CoinTelegraph