Comment l’euro numérique ravive de vieux fantasmes de l’extrême droite

« La décision de la CNIL s’attaque à la chaîne de production de données irresponsable qui règne dans l’industrie publicitaire en ligne »


Pour Sarah D., qui s’exprime sur X (anciennement Twitter), la « monnaie numérique » est un projet que « veulent imposer Davos & cie pour mieux fliquer les citoyens, les QRcoder et les asservir ». Son inquiétude fait écho à celle de milliers de Français et Françaises, dont l’entrepreneur Richard Détente. Celui-ci, sur sa chaîne YouTube Grand angle consacrée à l’analyse économique (287 000 abonnés), n’a pas de mots assez durs pour qualifier les développements en cours autour de l’euro numérique. Redoutant une « soviétisation » de l’économie, il met en garde contre une « intensification du contrôle digne du film [de science-fiction] Minority Report ».

Mercredi 18 octobre, la Banque centrale européenne rend les conclusions d’une première phase de deux ans d’investigations autour d’un futur euro numérique. Ce projet porté conjointement avec les banques centrales des pays membres de la zone euro vise à offrir un complément numérique à l’argent liquide (pièces et billets de banques) pour réaliser des achats du quotidien. Il suscite incompréhensions et défiances, en particulier dans les sphères conspirationnistes. Des craintes qui supplantent parfois celles, légitimes, concernant sa mise en œuvre opérationnelle.

La peur d’un « Great Reset » monétaire

Dans le sillage de l’opposition à la « dictature sanitaire », l’euro numérique est anticipé dans les sphères conspirationnistes, en particulier dans les cercles antivax et climatosceptiques, comme une « atteinte grave aux libertés individuelles », voire une étape de plus vers un Great Reset (« grande réinitialisation ») monétaire, c’est-à-dire une supposée conspiration d’une petite élite mondiale pour nuire aux intérêts de la majorité en leur imposant des mesures liberticides.

En France, la crainte d’un Etat-Léviathan qui se doterait d’un instrument de contrôle total sur les populations grâce à la monnaie numérique semble particulièrement vive à l’extrême droite. Florian Philippot, qui préside le parti Les Patriotes, fustige sur X (anciennement Twitter) la « monnaie du contrôle social ». Pour le financier Charles Gave, il s’agit d’un « pas de plus vers Big Brother » qui conduirait à « mettre tous les dépôts des Français sous le regard du gouvernement, européen ou national ».

Une position reprise par le mouvement Egalité et réconciliation d’Alain Soral, dans un article qui pointe « une nouvelle étape dans le processus de surveillance généralisée », ainsi que « l’opportunité de (…) surveiller et geler les comptes des opposants ». Une rhétorique que l’on retrouve également en Allemagne : le 30 septembre dernier, l’eurodéputée de l’AfD Christine Anderson a soutenu que « si vous ne vous conformez pas, ils fermeront simplement votre compte bancaire ».

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