De l’Irlande à l’Inde, une minorité d’internautes « célèbre » la mort d’Elizabeth II

De l’Irlande à l’Inde, une minorité d’internautes « célèbre » la mort d’Elizabeth II


Moins d’une heure après l’annonce de la mort d’Elizabeth II, jeudi 8 septembre, des millions de messages sur Facebook, Twitter ou TikTok rendent hommage à la reine, ou présentent leurs condoléances. Mais parmi le déluge d’hommages, la reine et la Couronne sont aussi la cible de milliers de messages moins solennels et fort peu compatissants.

Capture d’écran d’une vidéo de supporteurs irlandais célébrant la mort de la reine Elizabeth II.

Sur TikTok, une brève vidéo, présentée comme ayant été filmée depuis les tribunes du stade de Dublin pendant une rencontre disputée par les Shamrock Rovers, montre des supporteurs chantant Lizzy’s in a Box (« Elizabeth II est dans une boîte »). Sur le forum Reddit, les modérateurs de la section « Irlande » (plus de 500 000 abonnés) demandent aux utilisateurs, dans le gigantesque fil de discussion consacré à la mort de la reine, de « ne pas publier des messages de réjouissance [car] c’était autant une personne qu’une cheffe d’Etat ». Sur Twitter, un montage d’une vidéo de danseurs irlandais devant Buckingham Palace datant du début de l’année accumule des milliers de partages.

Pour une partie des habitants des anciennes colonies britanniques, et pour certains militants républicains ou indépendantistes en Irlande ou en Ecosse, la mort d’Elizabeth II est avant tout celle d’une femme qui incarnait le colonialisme et l’Empire britannique – même si c’est aussi sous son règne que les principales colonies ont accédé à l’indépendance. Sur tous les réseaux sociaux, les fils de discussion consacrés à la mort de la reine sont entremêlés d’images des exactions commises par l’armée britannique en Inde, en Irlande ou au Kenya.

En Inde, de très nombreux comptes nationalistes hindous, semblant pour certains automatisés, publient des messages évoquant les violences de l’armée britannique dans le pays avant son indépendance, et diffusent des mèmes se réjouissant de la mort de la souveraine, parfois mêlés de critiques contre le gouvernement indien, qui a déclaré une journée de deuil national en l’honneur d’Elizabeth II.

L’un des mèmes les plus diffusés sur les réseaux sociaux par des comptes nationalistes indiens.

Règles ambiguës pour la modération des réseaux sociaux

« Si quelqu’un s’attend à ce que j’exprime autre chose que du dédain pour une monarque qui supervisait un gouvernement ayant géré le génocide qui a massacré et déplacé la moitié de ma famille, et dont les survivants tentent toujours de surmonter les conséquences aujourd’hui, vous vous faites des illusions », écrit l’universitaire américaine Uju Anya, d’origine nigériane. Un précédent message de l’universitaire sur Twitter avait déclenché une vive polémique : elle y disait souhaiter une agonie « extrêmement douloureuse » à la « souveraine d’un empire génocidaire de violeurs et de voleurs ».

Ce message a été supprimé par Twitter, ravivant un débat ancien sur les limites de la liberté d’expression en cas de mort d’une personnalité. Des règles internes de modération de Facebook, révélées en 2021 par The Guardian, détaillaient de nombreux cas complexes ou ambigus. Le réseau social interdit par principe les messages célébrant la mort d’une personne, mais fait preuve d’une plus grande tolérance pour les messages agressifs envers des personnalités publiques.

Dans de rares cas, des messages diffusés en ligne jeudi soir ont entraîné des débordements. La vidéo d’une Ecossaise débouchant une bouteille de champagne pour célébrer la mort de « Lizard Liz » (« Elizabeth le lézard ») – référence à une théorie du complot expliquant que la reine est une « reptilienne » – a été abondamment diffusée jeudi soir. Une foule s’est ensuite rassemblée devant la boutique de cette femme, et a jeté des œufs sur la devanture, avant l’intervention de la police.

Le Monde





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