derrière le vidéaste star, le business de la charité

derrière le vidéaste star, le business de la charité


Il y a Charlie, quinquagénaire dont la vue a tellement baissé qu’il a dû quitter son emploi de caissier. Il y a aussi Jeremiah, lycéen atteint de cécité à l’œil droit depuis la naissance, ou Satchel, pas encore la vingtaine, qui ne voit plus rien depuis un accident de kart. Ces trois Américains ont eu la chance de croiser la route du mastodonte de YouTube, MrBeast.

Dans sa vidéo publiée le 31 janvier, il s’est lancé le défi de financer l’opération des yeux de 1 000 personnes atteintes de cécité visuelle. Une pastille de huit minutes réalisée en partenariat avec SEE International, organisation qui propose des soins pour les yeux à travers le monde. Faute de système commun d’assurance-maladie, aux Etats-Unis, les plus précaires n’y ont donc pas accès : l’opération de la cataracte coûte entre 3 500 et 7 000 dollars (de 3 300 à 6 600 euros) par œil.

Sur une musique mélo, le très riche youtubeur se met en scène face caméra avant et après l’opération aux côtés de patients émus aux larmes. En plus de financer cette intervention médicale, MrBeast offre 10 000 dollars à l’un, 50 000 à un autre, et une Tesla flambant neuve à un troisième. Il fait aussi don de 100 000 dollars à SEE International. La vidéo se conclut sur les images d’autres personnes soignées grâce à lui dans des pays en développement.

Sourire vissé aux lèvres, toutes lancent à la caméra un « Merci Mister Beast ! » Résultat : 106 millions de vues et une bonne dose de polémiques sur les réseaux sociaux et dans les médias. Certains dénoncent du « washing » de la part d’un vidéaste multimillionnaire qui enchaîne les contenus polluants prônant la surconsommation, mais semble se racheter une conduite avec ce genre de concept. D’autres jugent qu’il s’agit de « charity porn » − comprenez le fait de surfer sur une bonne action afin d’attirer des vues et, partant, de l’argent.

Quatrième chaîne la plus suivie

« Je n’ai pas pu aller jusqu’au bout de la vidéo. Elle m’a donné la nausée », explique le professeur Serge Resnikoff, président de l’Organisation pour la prévention de la cécité, ONG qui lutte pour le droit à la vue des populations en Afrique. « Le youtubeur donne une vision quasi biblique du fait de retrouver la vue, avec des patients aveugles qui “redeviennent normaux”. Mais ce n’est pas le cas. Ils étaient normaux même sans voir. C’est un discours infantilisant et validiste. C’est du spectacle », analyse cet expert de l’ophtalmologie. « Cela ne résout rien, n’a pas d’impact en termes de santé publique. Il faut démocratiser et former des professionnels sur place dans les pays en développement, et ne pas se poser en sauveur ou en messie. »

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