Des adresses Telegram bloquées ce week-end à la suite d’une bourde de l’administration

Les adresses Telegram bloquées ce week-end à la suite d’une bourde de l'administration



Oups ! L’administration française s’est emmêlée les pinceaux ce week-end en bloquant massivement pendant plusieurs heures les adresses en “t.me” renvoyant vers des contenus publiés sur la messagerie Telegram. Comme l’ont constaté plusieurs internautes, les clics sur ce genre de liens dirigeaient vers une page du ministère de l’Intérieur. La redirection était alors justifiée à tort en raison d’une tentative de connexion “à un site comportant des images de pornographie enfantine”.

 

 



Demande de blocage « plus large que nécessaire »

Selon un porte-parole de la Police nationale, interrogé par Le Monde, ce blocage massif des liens vers Telegram est dû à une “erreur individuelle”. Comme l’explique le quotidien du soir, la police française cherchait en effet à bloquer des sites pédopornographiques relayés sur cette messagerie, après avoir enjoint en vain l’hébergeur à procéder à un retrait des contenus.



Mais au lieu d’empêcher l’accès aux seuls contenus pédopornographiques, la demande de blocage faite par la plateforme Pharos aux fournisseurs d’accès à internet a été “plus large que nécessaire”. Concrètement, la demande de blocage mentionnait l’adresse de raccourcisseur d’URL « t.me », ce qui a conduit au blocage général de tous les liens de ce type pointant vers la messagerie des frères Dourov…

392 demandes en 2022

Comme le relève Stéphane Bortzmeyer sur son blog, ce blocage administratif repose sur la technique du résolveur DNS (Domain Name System) menteur, cette annuaire qui fait correspondre les adresses web et les adresses IP. “Au lieu de relayer fidèlement les réponses des serveurs DNS faisant autorité, le résolveur ment et envoie l’adresse [IP] du serveur web du ministère”, explique l’informaticien.


La police peut demander ce genre de blocage administratif depuis 2015, une disposition prévue par une loi anti-terroriste de 2014. Ce texte prévoyait le blocage, sans passer par le juge, de l’accès à des contenus pédopornographiques, appelant à provouqer un acte terroriste ou faisant l’apologie du terrorisme. En 2022, 97% des 392 demandes de blocage administratif visaient des contenus pédopornographiques.


Cette bourde tombe mal pour le gouvernement, qui vient de présenter en conseil des ministres son nouveau filtre anti-arnaque. Ce dispositif prévoit justement, après des avertissements aux internautes, la possibilité de bloquer des pages de hameçonnage. Une procédure progressive, “très bien” encadrée, censée “empêcher les phénomènes de surblocage”, précisait alors à la presse le ministère de la transition numérique et des télécommunications.






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