du Midi de la France à la Défense, quand la Corée du Sud entre dans la danse

du Midi de la France à la Défense, quand la Corée du Sud entre dans la danse


EnquêteDe plus en plus de fans français de musique pop sud-coréenne montent des troupes pour reproduire les chorégraphies de leurs stars favorites. Rassemblements et événements se multiplient, comme ce week-end à Lyon ou au Trocadéro, à Paris.

Sur les Champs-Elysées, à deux pas de la bouche de métro Charles-de-Gaulle-Etoile, cinq jeunes femmes et un garçon s’affairent à ajuster des tenues de scène, lacer de grosses bottines et retoucher leur maquillage. Sous le soleil de plomb d’un samedi après-midi de juin, ils se placent enfin. Les premières notes de Fearless, du girls band sud-coréen Le Sserafim, retentissent sur leur enceinte portative et les badauds s’attroupent.

Les membres de Young Nation Dance (YND), ainsi qu’ils se sont baptisés, ne se laissent pas déconcentrer par les vivats : pendant trois heures, au rythme des basses et des allées et venues des passants, ils vont reproduire au plus près la chorégraphie du clip original de ce groupe de K-pop. Enchaîner les séquences et les prises tandis qu’une des leurs les filme avec un smartphone. Quand le résultat et le montage les satisferont, ils le posteront quelques jours plus tard sur leur chaîne YouTube et leurs réseaux sociaux. L’année dernière, la troupe s’est particulièrement fait remarquer avec ses interprétations du groupe féminin Blackpink, dont certaines dépassent à ce jour les 2,5 millions de vues.

Créé en 2017, YND est un groupe de « K-pop dance cover » : 17 danseurs amateurs âgés de 16 à 28 ans qui se passionnent pour la reproduction de chorégraphies de clips et groupes de pop sud-coréenne. « Il ne s’agit pas juste de danser et de connaître les pas », argumente Mohammed Benyahia, dit « Momo », 22 ans, « il faut aussi incarner l’attitude et les expressions des “idols”, jouer avec la caméra mais aussi connaître les paroles pour le lip sync [synchronisation labiale sur le chant]. S’il n’y avait que mon ADN dans la performance, ce ne serait pas de la cover. Les gens doivent pouvoir deviner les artistes originaux derrière notre travail ». Son camarade Pascal Havet, 21 ans, en coulisses ce jour-là, ajoute : « Pour que ça rende bien, il est important de danser au même rythme, d’être synchro. Il ne suffit pas d’être bons, il faut être bons ensemble. »

Studios de danse à ciel ouvert

Les pratiquants s’inspirent des costumes portés par les « idols » coréens pour le tournage de leur clip. Ici à la Défense, dans les Hauts-de-Seine, le 25 juin 2022.

L’aboutissement d’un tournage nécessite une certaine organisation et un entraînement assidu, que la leader de YND, Coline Mboungou, Drancéenne de 23 ans, veille à faire respecter scrupuleusement. « Chacun doit travailler sa partie de la choré chez lui, apprendre pas à pas pendant la semaine. Ensuite, on met en commun les samedis et dimanches. Il faut en général entre quatre et six entraînements d’une demi-journée pour la retenir », explique la jeune femme.

Pour décortiquer et apprendre sa partie, chacun se réfère aux « dance practices », des vidéos tutorielles mises en ligne par les artistes, les chorégraphes et les labels de l’industrie sud-coréenne. Celle consacrée, par exemple, au hit Tomboy, du girls band (G) I-dle, dépasse les 8,2 millions de vues sur YouTube. That That, le titre chanté en duo par Psy et Suga, de BTS, en compte, lui, plus de 7,5 millions. Des chiffres bien plus modestes que les statistiques de visionnage des clips mais qui attestent de la vitalité de la pratique, dans le monde entier.

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