En se libérant des contraintes des réseaux terrestres, la constellation de satellites de communications Starlink permet un accès à Internet depuis l’espace potentiellement en tout point du globe.
Beaucoup plus difficile à contrôler ou à perturber à moins d’y mettre des moyens très importants, le réseau Starlink est d’abord un réseau civil pour assurer des communications et du divertissement.
Toutefois, le conflit ukrainien a montré qu’il pouvait être aussi un très bon support pour les actions militaires. Il permet de coordonner des actions sur le terrain mais l’armée ukrainienne a aussi tenté de l’utiliser pour piloter des drones vers leur cible.
Cet usage particulier est un problème pour Starlink et son fondateur Elon Musk, qui doit arbitrer entre les demandes de l’armée ukrainienne et le risque d’une escalade militaire avec la Russie.
Starlink, outil de communication, arme de guerre ?
Dans les premiers temps du conflit, Starlink a envoyé en Ukraine des équipements afin de pouvoir maintenir un lien de l’Ukraine avec l’extérieur, tandis que les réseaux de communication terrestres pouvaient être contrôlés et surveillés par la Russie.
A ce soutien aux moyens de communication du pays s’est greffée une utilisation par les militaires ukrainiens qui a pu rapidement poser un cas de conscience. Où placer le curseur des activités militaires possibles avec Starlink ?
Dans un entretien concernant une nouvelle biographie à paraître, le milliardaire a expliqué son point de vue en soulignant que Starlink est « conçu pour des tâches pacifiques, pas pour des attaques de drones« .
A l’auteur de la biographie Walter Isaacson, il a confirmé avoir demandé à ses équipes de bloquer une attaque de drones ukrainiens utilisant Starlink contre la flotte russe positionnée en Crimée en 2022 afin de ne pas déclencher un « mini Pearl Harbor » pouvant inciter la Russie à faire usage de son armement nucléaire, avec des conséquences mondiales.
Sans interdire tout usage militaire pour sa constellation, Elon Musk cherche donc surtout à ne pas faire de Starlink une arme offensive ou un acteur direct d’actes de guerre pouvant conduire à une extension dangereuse du conflit.
Quel rôle pour Starlink ?
Les réactions ne sont pas faites attendre, tant du côté de la Russie avec l’ancien président russe Dmitri Medvedev saluant « le dernier homme sensé en Amérique du Nord », que de celui de l’Ukraine, où l’on rappelle que le blocage de l’attaque a permis à la Russie de lancer des missiles Kalibr depuis ses navires sur les villes ukrainiennes, tuant des civils dont des enfants. « C’est le prix du mélange de l’ignorance et d’un grand ego« , a fustigé Mykhailo Podolyak, proche du président Volodymyr Zelensky.
Starlink avait déjà confirmé début 2023, par la voix de la dirigeante de SpaceX Gwynne Shotwell, avoir pris des mesures pour empêcher le pilotage de drones à partir de la constellation de satellites.
Les représentants ukrainiens ont demandé à plusieurs reprises de pouvoir utiliser Starlink pour piloter des drones sous-marins mais Elon Musk a toujours refusé ces demandes jusqu’à présent, indique encore Isaacson dans la biographie.
Plusieurs nations, comme la Russie et la Chine, n’apprécient guère la présence des quelque 4000 satellites de communication Starlink au-dessus de leur tête et étudient des solutions pour neutraliser voire détruire la constellation en cas d’escalade militaire.