Elon Musk va-t-il compromettre le retour de l’homme sur la Lune ? Son activisme pousse en tout cas le patron de la NASA, Bill Nelson, à se demander si l’engagement du président de SpaceX dans Twitter ne risque pas de le « distraire » du programme Artemis de conquête lunaire.
Il faut reconnaître que le militantisme de M. Musk sur le réseau a de quoi inquiéter. Dimanche 11 décembre, alors qu’il inaugurait une nouvelle formule d’abonnement, il a cru bon de déclencher une nouvelle polémique, en s’attaquant violemment au docteur Anthony Fauci, le conseiller Covid de la Maison Blanche, cible de la droite américaine.
Mais Elon Musk n’en a cure, tant il est persuadé qu’il peut tout faire et tout réussir en même temps : envoyer des hommes dans l’espace et relancer le réseau social à l’oiseau bleu, si mal en point. Il a présenté dans un tweet, dimanche, son projet d’abonnement à 8 euros par mois, ou 11 euros pour les utilisateurs de l’iPhone d’Apple.
Pour cette modique somme, l’utilisateur disposera d’un label certifiant son identité, d’une correction possible de ses tweets après publication et de la possibilité de télécharger les vidéos en haute qualité. Testée fin octobre, la formule avait été vite suspendue, à la suite de l’avalanche de bugs et de fraudes qu’elle avait provoquée.
Déclarations intempestives
Le milliardaire fantasque poursuit deux objectifs très rationnels, à défaut d’être réalistes. Le premier est de diversifier ses sources de revenus, pour s’affranchir de la dictature de la publicité tout en trouvant le chemin de la rentabilité.
Ses déclarations intempestives, comme celle contre le docteur Fauci ou ses querelles avec le rappeur Kanye West, ont fait fuir les grands annonceurs, le contraignant, selon le Wall Street Journal, à offrir 50 % de réduction sur ses tarifs. Elon Musk affirmait, avant de lancer sa campagne éclair de licenciements, le 10 novembre, que la firme perdait 4 millions de dollars (3,8 millions d’euros) par jour.
L’autre objectif est un rêve bien plus grand, comme les aime le patron de Tesla et de SpaceX. Il entend faire de Twitter une plate-forme universelle sur le modèle de WeChat, l’application chinoise de Tencent qui offre à ses utilisateurs les avantages d’un réseau social, d’une application de paiement, d’un site de commerce, de jeux et d’autres millions d’applications tiers.
Seul problème, c’est aussi le rêve de Meta/Facebook, d’Amazon, de Google et d’Apple, le plus avancé dans ce concept de la plate-forme « couteau suisse ». Cela fait beaucoup d’adversaires en même temps et ses chances de réussite sont infimes. Tout ce qu’il aime, et qui finira peut-être un jour par le perdre.