« Etincelle… » et « Chasseurs de tornades » dépoussièrent le parc

« Etincelle… » et « Chasseurs de tornades » dépoussièrent le parc


Opération dépoussiérage au Futuroscope : le parc a lancé en 2020 un vaste plan d’investissement visant à gonfler sa fréquentation, qui aboutira notamment à la création d’un parc aquatique mêlant baignade et technologie d’ici à 2025. D’ici là, le Futuroscope a déjà entrepris de moderniser son image en inaugurant, en l’espace de six mois, deux attractions mêlant des idées audacieuses à des technologies encore rares.

La première, « Etincelle, la malédiction de l’opale noire », a ouvert ses portes en décembre 2022. Dans une grande salle de cinéma, on découvre une jeune femme, que l’on surprend en train de voler un costume au musée des super-héros. Comme il se doit, le vêtement lui transfère les superpouvoirs d’Etincelle.

Dans les rues de Paris, la désormais super-héroïne combat un géant en lui jetant des éclairs lumineux. Etincelle apparaît tour à tour sous les traits d’une actrice et d’un personnage dessiné, dont les postures dynamiques rappellent celles des comics. Une alternance entre cinéma et animation artistiquement risquée : les réalisateurs et les acteurs se jouent pourtant des écueils avec maestria, et les transitions sont étonnamment fluides.

Etincelle combat le superméchant Ténèbre.

Sur l’écran de projection, les combats d’Etincelle sont rehaussés par les pétillements d’un laser venant dessiner çà et là des onomatopées ou des motifs graphiques d’une extrême vivacité lumineuse – autant d’accents acidulés collant parfaitement au genre et au personnage.

Si l’on navigue en plein comic, Etincelle n’est pour autant ni un personnage de Marvel, ni une héroïne de DC, mais une super-héroïne française créée de toutes pièces pour le Futuroscope, une sorte d’hommage à un savoir-faire français perdu. Pendant la séance, une voix off se risque même à laisser entendre que les super-héros sont une création nationale, tuée dans l’œuf en 1949 après la brusque censure de l’Etat français.

Le spectacle « Etincelle, la malédiction de l’opale noire » mêle avec audace des images animées avec des images réelles, et contre toute attente, les transitions sont crédibles.

Une lecture historique un brin cocardière : il est un peu rapide de prétendre que les super-héros sont nés en France, même si le capitaine Nemo, de Jules Verne, et le comte de Monte-Cristo, d’Alexandre Dumas, ont très probablement compté parmi leurs influences, comme peut-être d’autres figures moins connues : l’Oiselle et ses ailes artificielles, Nyctalope et ses yeux de chat, ou Judex, justicier masqué opérant depuis une base secrète high-tech. Quant à la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, si elle n’a pas complètement mis fin au genre, elle a bel et bien assagi la bande dessinée française, gênant pendant au moins une décennie les auteurs souhaitant convoquer l’imaginaire des super-héros.

La machine à anéantir les tourbillons

A quelques encablures de là, dans un autre bâtiment du Futuroscope, on découvre une seconde attraction : « Chasseurs de tornades ». Inaugurée en juillet 2022, elle narre l’histoire du TrombX, une fantasque machine à anéantir les tourbillons.

Devant un laboratoire futuriste, on est accueilli par une scientifique affable, prompte à cacher sous le tapis les bugs de la dangereuse machine. Un aventurier gaffeur et vantard la rejoint pour préparer leur expédition. Ces personnages caricaturaux, campés par des acteurs volubiles, enchaînent avec gourmandise des scènes farcesques évoquant le cinéma d’aventure hollywoodien des années 1980.

Les cent vingt spectateurs sont entourés d’un grand écran circulaire particulièrement lumineux.

Ce n’est qu’en quittant le laboratoire qu’on prend place sur un grand plateau rond entouré d’un vaste écran à 360°, aux côtés de cent vingt autres spectateurs. On suit le 4 × 4 des personnages dans des décors balayés par le vent, puis on pénètre dans un vaste atelier. Des niches s’ouvrent dans l’écran : on y voit des acteurs courir dans la panique, puis le véhicule grandeur nature terminer sa course dans le décor.

Des incursions troublantes, car les raccords entre les instants de théâtre et les moments de cinéma sont habilement estompés, un tour de force à mettre au crédit de la réalisation artistique millimétrée, mais aussi de l’impressionnant écran de dix-sept mètres de diamètre composé de quatre cents téléviseurs collés bord à bord. Particulièrement lumineux, il rend les images plus réalistes, au point d’atténuer la distance au réel.

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Le 4 × 4 bringuebalant quitte ensuite l’atelier et s’engage dans un paysage chaotique traversé d’effets spéciaux. On plonge au cœur de la tornade tandis que le plateau se met à tourner de plus en plus vite à mesure que l’on s’envole dans le tourbillon. La scientifique et l’aventurier sont, comme nous, emportés loin du sol par cet immense vortex. Sans avoir complètement l’impression de nous envoler, on est totalement embarqué – bien plus que dans un siège de cinéma classique…

Les écrans modernes de ces deux attractions donnent aussi un coup de vieux aux nombreux écrans plus anciens du Futuroscope. Ils frappent d’autant plus l’imaginaire qu’ils accueillent des histoires très divertissantes, nées dans un climat de franche prise de risque artistique, contrebalancé par une indéniable maîtrise de l’écriture, de la réalisation et de la direction d’acteurs.



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