« Facebook, Twitter ou Google doivent réfléchir au type d’informations qu’elles collectent »

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Depuis que la Cour suprême des Etats-Unis est revenue sur l’arrêt Roe vs Wade, qui protégeait le droit à l’avortement au niveau fédéral, une partie des regards se tournent vers les données personnelles traitées par les opérateurs téléphoniques et les entreprises du numérique. Elles pourraient, à l’avenir, être utilisées par la justice dans certains Etats pour réprimer les avortements.

Pour Eva Galperin, directrice de la cybersécurité au sein de l’Electronic Frontier Foundation (EFF), une organisation de défense des libertés numériques, les géants de la tech doivent repenser leur manière de traiter les données pour protéger leurs utilisatrices et utilisateurs.

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Quelles données sont aujourd’hui les plus sensibles et représentent le plus grand risque pour les personnes cherchant à avorter dans les Etats qui ont interdit ou restreint l’avortement, ou qui s’apprêtent à le faire ?

La première chose qu’il faut faire, c’est regarder les dossiers qui existent déjà et dans lesquels des femmes ont été poursuivies par la justice à la suite d’une interruption de grossesse. Dans ces cas, elles n’ont généralement pas été poursuivies à la suite d’une surveillance généralisée ou en raison de leurs recherches sur Internet, mais parce qu’elles ont été dénoncées par des docteurs, des infirmiers, des gens en qui elles avaient confiance. Le plus important est donc de faire le plus attention possible à ce que vous communiquez sur votre grossesse ou interruption de grossesse. [Au niveau technique] il existe des messageries chiffrées de bout en bout qui permettent aussi de programmer des messages s’effaçant au bout d’un certain temps, comme Signal ou WhatsApp.

Reste que les recherches sur le Web, sur Google, ont également été utilisées comme preuves par le passé. Ma recommandation est que si une personne fait des recherches liées à l’avortement, elle utilise le navigateur Tor, qui est conçu spécifiquement pour masquer votre IP auprès des sites que vous visitez.

Il faut aussi anticiper ce qu’il pourrait se passer à l’avenir. J’ai passé les quinze dernières années à voyager dans le monde, travailler avec des activistes et des journalistes, et d’autres personnes en première ligne des risques pour la sécurité et la vie privée, et je sais quelles sont les prochaines étapes de ce type de répression. Nous pourrions commencer à voir les Etats demander des données de géolocalisation, de santé, des contenus de communications. Et ils pourraient les utiliser pour créer un filet leur permettant de trouver les personnes qui voyagent dans un autre Etat pour avorter [dans une clinique], ou commandent des médicaments pour avorter seules. Et là, il est important pour des entreprises comme Facebook, Twitter et Google de réfléchir au type d’informations qu’elles collectent et aux conditions dans lesquelles elles les communiqueront aux gouvernements. Parce que s’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que si vous collectez des données, les autorités finiront par vous les demander.

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