Faut-il boycotter Twitter ?

Faut-il boycotter Twitter ?


L’argument du bon moment

Du retrait des pubs d’annonceurs, comme Balenciaga ou General Motors, aux fermetures de comptes, c’est le moment idéal pour quitter le navire Twitter et participer à un mouvement massif. Elon Musk veut faire de sa plate-forme le lieu du « free speech », mais l’expression est devenue le cri de ralliement de ceux qui y cautionnent les pires ­propos. Quand Florian Philippot se réjouit d’un « immense vent de liberté qui s’annonce » sur Twitter, on peut se demander d’où souffle cette brise et se dire qu’il est temps de s’éclipser.

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L’argument efficacité

Fermer son compte sans parler d’Elon Musk, c’est bien plus utile que critiquer Twitter. « Don’t feed the troll » : là, le troll, c’est le milliardaire lui-même, qui cherche par l’outrance à maintenir la plate-forme dans la conversation, en appelant à voter républicain aux dernières élections ou en retweetant des « fake news » homophobes visant Paul Pelosi, le mari de Nancy, lors de son agression. Alors, puisqu’il n’y a pas de recettes publicitaires sans audience, rien de plus efficace que de frapper au porte-monnaie.

L’argument politique

Comment rester sur Twitter quand le patron de Tesla poste une photo de ses armes à feu sur sa table de nuit, et qu’il veut en faire un lieu de ralliement des paranos d’extrême droite qui s’estiment censurés partout ? A chaque nouveau sondage qu’il conduit sur son propre site, il consulte « le peuple », autrement dit ceux qui ont gardé leur compte et lui répondent, et qui donnent des réponses toujours plus con­servatrices, contribuant à faire de Twitter une ­plate-forme à leur image.

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Le contre-argument du bon moment

Dès avril, quand il a commencé à évoquer le rachat de la plateforme, Elon Musk n’a jamais fait mystère de ses projets pour Twitter. Etre resté à l’époque et quitter le site maintenant qu’il s’apprête à rendre des comptes payants, c’est donner l’impression qu’on a juste des objections de porte-monnaie ou qu’on suit le mouvement. Par ailleurs, ce n’est pas ça qui pèsera sur le destin de la plate-forme : si le nouveau proprio multiplie les provocations, c’est par désespoir et parce qu’il a déjà perdu trop d’abonnés, de développeurs et d’annonceurs. Inutile de fermer son compte, Musk finira par se saborder tout seul.

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Le contre-argument efficacité

Le président de la NAACP, l’association historique de défense des Afro-Américains, a appelé les annonceurs à quitter Twitter après la décision de Musk de rouvrir le compte de Trump… et il l’a fait par un tweet ! Aller sur Twitter pour annoncer qu’il faut en partir, c’est en faire un site où s’annoncent les grandes décisions. Si on ne peut pas le boycotter, autant tenter d’obtenir par des actions légales l’interportabilité des comptes, à la façon des numéros de téléphone, afin de partir facilement sur une autre plate-forme en cas de désaccord.

Le contre-argument politique

Partir, c’est abandonner le terrain. Twitter reste une excellente plate-forme de discussion et de mise en commun d’informations. La quitter pour d’autres applis dont on ne sait pas à qui elles appartiennent vraiment et ce qu’elles font des données, c’est naïf et c’est abandonner l’espace aux extrémistes de tous bords auxquels chaque esclandre accorde plus d’attention. En plus, garder un compte Twitter c’est toujours utile, au moins pour signaler sa nouvelle adresse sur Mastodon.

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