« Final Fantasy VII Rebirth », ou le syndrome hollywoodien du remake permanent

« Final Fantasy VII Rebirth », ou le syndrome hollywoodien du remake permanent


Côté pile, Final Fantasy VII est un monument du jeu vidéo. L’une des plus grandes réussites de la première PlayStation s’est écoulée à plus de 10 millions d’exemplaires. Sa trame narrative ambitieuse, ses personnages attachants et le passage de la série de jeu de rôles japonais à la 3D lui ont permis de marquer durablement les esprits. Côté face, le jeu sorti en 1997 a aujourd’hui pris un sérieux coup de vieux. Seul un public de passionnés ne s’effarouchera pas de ses personnages modélisés avec des polygones rudimentaires, de sa traduction médiocre ou de ses transitions visuelles en spirale avant un combat.

Personne n’est épargné par le vieillissement dans le monde du jeu vidéo. « L’œuvre vidéoludique a ceci de particulier qu’elle nécessite l’action du public sur l’œuvre, explique Sébastien Genvo, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine. Il suffit, par exemple, de faire jouer les générations d’aujourd’hui à d’anciens jeux sur les plates-formes de l’époque pour voir qu’il y a des questions de normes, de compétences et d’interactions homme-machine qui ne sont plus forcément les mêmes. »

Avant la sortie de « Final Fantasy VII », cette série emblématique du jeu vidéo japonais était totalement inconnue en France.

Le phénomène est d’autant plus accéléré que le secteur est obnubilé par les innovations technologiques, précise celui qui a codirigé l’ouvrage Introduction aux théories du jeu vidéo (Presses universitaires de Liège, 2023) : « Depuis sa naissance, cette industrie fonctionne sur des logiques d’obsolescence. Par exemple, Ia console Intellivision [de Mattel, 1979] était là pour montrer que la première console, l’Odyssey de Magnavox [1972], puis la VCS d’Atari [1977], étaient moins bien qu’elle. »

Le grand recyclage

Mais les éditeurs ont trouvé des parades pour recycler leurs classiques lorsqu’ils deviennent désuets : la remastérisation, le reboot (qui consiste à reprendre à zéro une série) ou les remakes (reconstruction intégrale d’un jeu pour le moderniser). C’est dans cette dernière catégorie que s’inscrit le très réussit Final Fantasy VII Rebirth, qui sort le 29 février sur PlayStation 5.

Ce remake a beau voir les choses en grand il est le deuxième volet d’une trilogie –, il est soumis à une forte concurrence dans sa catégorie. Rien que pour les deux premiers mois de 2024, sont sortis trois remasters notables (Tomb Raider 1-3 Remastered, Star Wars : Dark Forces et The Last of Us : Part II Remastered) et trois autres remakes de premier plan (Persona 3 Reload, Mario vs. Donkey Kong, Brothers : A Tale of Two Sons Remake). Le flot n’est pas près de s’arrêter, avec les sorties prévues cette année de Paper Mario : la porte millénaire, Silent Hill 2, Metal Gear Solid : Snake Eater ou Epic Mickey Rebrushed. Le marché frôle même la saturation.

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