« Il faut empêcher les bombes climatiques comme l’oléoduc du pétrole d’Afrique de l’Est de voir le jour »

« Il faut empêcher les bombes climatiques comme l’oléoduc du pétrole d’Afrique de l’Est de voir le jour »


TotalEnergies et Station F, le plus grand incubateur de start-up au monde, inauguraient ensemble le 30 mai TotalEnergies On, un programme d’accompagnement des start-up du domaine des énergies renouvelables. L’objectif, selon Patrick Pouyanné, PDG de Total, est de rendre « la transition énergétique plus rapide et plus efficace ».

A priori, cela semble une bonne nouvelle pour l’écologie : investir dans les projets qui accélèrent le déploiement des énergies renouvelables est un acte salutaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, TotalEnergies a entre les mains un levier bien plus puissant et immédiat pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre : abandonner le projet Eacop (East African Crude Oil Pipeline, en français, oléoduc du pétrole d’Afrique de l’Est).

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L’entreprise est sur le point de construire, en plein cœur de l’Afrique, le plus long oléoduc chauffé au monde. Déplacement de centaines de milliers de personnes, espèces menacées dans la zone prévue pour l’exploitation, risque de contamination d’un bassin-versant dont dépendent quarante millions de personnes : les conséquences locales de ce pipeline seront dramatiques.

Investissements nécessaires gigantesques

Et c’est sans compter la « bombe climatique » que représente le pétrole qui en sera extrait : 35 millions de tonnes de CO2 par an seront émises… soit l’équivalent des émissions de 3,5 millions de Français. Une aberration au regard des recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ou de l’ONU, dont le secrétaire général, Antonio Guterres, vient de déclarer : « Investir dans des nouvelles infrastructures d’énergies fossiles est une folie morale et économique. »

On pourrait penser que si TotalEnergies abandonne ce projet, d’autres pétroliers exploiteront ce gigantesque pipeline à sa place. Pourtant, sans le pétrolier français, il y a fort à parier que le projet s’arrêterait définitivement : les investissements nécessaires pour construire le plus grand pipeline chauffé du monde sont si gigantesques que TotalEnergies a dû s’allier à la China National Offshore Oil Corporation.

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Vingt banques et huit assureurs ont d’ailleurs affirmé qu’ils refusaient de soutenir le projet. Enfin, le G7 a annoncé mettre fin à tout financement international des projets liés aux énergies fossiles dès cette année. En d’autres termes, si TotalEnergies se retire, ce projet d’oléoduc ne verra probablement pas le jour.

Au regard de ces informations, l’investissement de TotalEnergies dans un programme d’incubation autour des énergies renouvelables paraît bien cynique : ce projet Eacop est si destructeur qu’aucune solution technologique, aussi inventive et bénéfique soit-elle, n’arrivera à compenser le désastre climatique, écologique et humain qu’il va générer.

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