InfoWars Store, une boutique conspirationniste qui a fait des émules

InfoWars Store, une boutique conspirationniste qui a fait des émules


Six millions de dollars par an. C’est le salaire que se versait Alex Jones, le plus célèbre complotiste d’extrême droite américain, aux plus grandes heures d’InfoWars, le site qu’il a fondé au début des années 2000. Selon les experts, son entreprise parapluie, Free Speech Systems, enregistrait des revenus nets annuels compris entre 135 millions et 270 millions de dollars (entre 135 et 270 millions d’euros). Le site de l’animateur texan a même généré jusqu’à 800 000 dollars par jour à son plus haut, en 2018.

L’entrepreneur a su s’adapter avec un brio glaçant à l’évolution de l’écosystème Internet. Au milieu des années 2010, la publicité programmatique sur Facebook était l’eldorado des spécialistes des fausses informations et des discours haineux. Depuis, la plate-forme de Mark Zuckerberg a supprimé de nombreux comptes et modifié ses algorithmes. « Le deplatforming [le fait de supprimer ou de bloquer certains comptes] leur complique fortement la tâche, aussi bien au niveau du recrutement que de la récolte de fonds », observe l’association Sleeping Giants (« géants endormis »), qui lutte contre le financement des discours de haine sur Internet. Qu’importe, la boutique en ligne d’InfoWars Store a pris le relais, en monétisant une audience captive.

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« Il a été prouvé que l’eau du robinet est pleine de toxines dangereuses et mortelles. Du chlore au fluor, la menace contre votre santé est énorme. C’est pourquoi il est important que tous les guerriers de l’info nettoient leur eau avec la filtration de l’eau ! » Tel est le genre de fiche produit, pour de la poudre vendue 50 à 70 euros le sachet, que l’on peut toujours trouver sur la boutique en ligne InfoWars Store, à côté de « pilules masculinistes pour la vitalité » et de produits survivalistes (postes radio, lampes frontales et nourriture énergisante sous vide) pour faire face à l’apocalypse prédite par le site complotiste. « La désinformation, c’est la vitrine côté rue pour les amener vers l’arrière-boutique et faire passer les clients à la caisse », résume Tristan Mendès France, expert des communautés marginales. En tout, ces produits dérivés ont rapporté 64 millions de dollars à InfoWars en 2021, selon l’analyste financier Bernard Pettingill.

Offre très ciblée

En France, Egalité et réconciliation, le site du révisionniste Alain Soral, plusieurs fois condamné pour antisémitisme, a repris les mêmes recettes dès le début des années 2010. Sur le site marchand qui lui est adossé, KontreKulture, sont proposés des tee-shirts pro-Poutine ou encore des rééditions de classiques de la littérature antisémite. « Bien que nous restions encore loin des sommes générées par quelqu’un comme Jones, la vente de [ce type de produits] rapporte gros », relève l’association Sleeping Giants.

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