L’année dernière, le cours du Bitcoin a repris le chemin de la hausse. Électrisé par la victoire de Donald Trump, l’arrivée des fonds indiciels à Wall Street et le quatrième halving, le Bitcoin a finalement franchi le seuil des 100 000 dollars en décembre 2024. Ce record historique a fait entrer la cryptomonnaie dans une nouvelle ère, au sein de laquelle elle est davantage prise au sérieux, surtout par la finance traditionnelle.
La monnaie numérique de Satoshi Nakamoto ne s’est pas arrêtée là. Après quelques mois d’hésitation, en grande partie à cause des taxes douanières de Donald Trump, la cryptomonnaie s’est hissée au-dessus des 110 000 dollars en mai dernier. Moins de deux mois plus tard, le cap des 120 000 dollars a été franchi. Début octobre, le cours du Bitcoin a finalement atteint son ultime ATH (All Time High) en dépassant les 126 000 dollars.
Quelques jours plus tard, la cryptomonnaie a trébuché, perdant temporairement 15 % de sa valeur. Cette baisse, provoquée par les nouvelles taxes douanières de Donald Trump, ne remet pas en cause l’évolution du cours et du marché crypto en général. Habitué à des baisses parfois considérables, le Bitcoin est rapidement repassé au-dessus des 110 000 dollars.
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Quelle fin d’année 2025 pour le Bitcoin ?
Dans un avenir proche, la cryptomonnaie va-t-elle battre d’autres records ? C’est l’avis de nombreux analystes financiers et acteurs phares de l’industrie crypto. Pour l’analyste Simon Peters, il n’est pas inconcevable que la hausse du Bitcoin continue dans les semaines à venir. Il est « tout à fait possible que le rallye se poursuive et que de nouveaux records soient atteints pour le bitcoin, l’Ethereum et d’autres cryptos majeures avant la fin du mois », en dépit du krach survenu ce week-end.
Comme l’explique l’expert des marchés financiers, le mois d’octobre est généralement porteur pour les cryptomonnaies. C’est « un mois historiquement porteur pour les marchés ». Pour rappel, le Bitcoin a enregistré une moyenne de 14,4 % de gains en octobre depuis 2013. Sur 13 mois d’octobre durant cette période, 10 se sont soldés par une hausse et seulement 3 par une baisse. Cette tendance a conduit les investisseurs à surnommer ce mois « Uptober » en fusionnant « up » (hausse) et « October » (octobre). Pour le moment, le mois d’octobre 2025 semble bien parti pour s’inscrire dans la tendance générale haussière, malgré le recul enregistré ces derniers jours. Le Bitcoin est habitué aux montagnes russes. Une chute du cours, aussi brutale soit-elle, précède parfois une nouvelle envolée du prix.
Le mois d’octobre ne signerait pas la fin de la hausse du Bitcoin. De novembre à janvier 2026, le BTC pourrait continuer à progresser. Les analystes de la banque Standard Chartered parient sur un Bitcoin au-dessus des 150 000 dollars avant le Nouvel An. Ils vont même jusqu’à anticiper un Bitcoin à 200 000 dollars d’ici à la fin de l’année. Plusieurs facteurs sont susceptibles de continuer à tirer le cours du Bitcoin vers le haut, comme la baisse de la valeur du dollar, l’inflation générale ou encore la hausse des marchés boursiers américains.
Une année 2026 dans le rouge pour le Bitcoin ?
D’autres voix s’élèvent néanmoins pour inciter les investisseurs à la prudence. Pour certains experts, la vague haussière du Bitcoin arrive progressivement à son terme. C’est l’avis de Thibault Desachy, Head of Investment & Wealth Management chez Coinhouse. Dans une interview accordée à 01net, l’expert financier affirme partir du principe que la phase haussière arrive peu à peu à son terme. Il rappelle que le Bitcoin obéit à des cycles. Depuis sa création, la cryptomonnaie a enchainé les phases de hausse, suivies de périodes baissières, lors desquels la valeur s’est considérablement contractée.
« Le marché n’est pas une ligne droite, on a des corrections qui sont quand même assez fortes. Aujourd’hui, notre point de vue, c’est qu’en 2026, on pourrait avoir un marché crypto qui redescend sur des niveaux plus faibles », met en garde Thibault Desachy.
Fort heureusement, le cours du Bitcoin ne plongerait pas autant qu’en fin 2022. Dans le sillage de la mort de FTX, le cours de la crypto s’était contracté sous les 20 000 dollars. Pour la prochaine phase de baisse, on peut espérer que le cours stagne entre 40 000 et 50 000 dollars, ce qui représente tout de même une correction avoisinant les 70 %. Notre interlocuteur estime qu’une baisse des indices boursiers américains est susceptible de tirer le prix du Bitcoin vers le bas et de conduire à un nouveau marché baissier.
Thibault Desachy souligne que le Bitcoin est actuellement corrélé à la bourse américaine, c’est-à-dire qu’il évolue de la même manière, dans la plupart des configurations. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé en avril dernier lorsque Donald Trump a annoncé ses taxes douanières. L’annonce a plombé les indices boursiers. Le Bitcoin a suivi le même chemin en repassant dans le rouge pendant plusieurs semaines.
L’expert nous explique qu’il est tout à fait possible que le point le plus haut de ce marché haussier survienne dans le courant du mois d’octobre. C’est d’ailleurs une probabilité au vu des précédents cycles du Bitcoin. Depuis le tout premier marché haussier, « on observe une constante : il s’écoule exactement 35 mois, soit 152 semaines, entre le point bas et le point haut de chaque cycle ».
À chaque nouvelle phase haussière, cette même durée se répète presque à l’identique. Si « le schéma se confirme encore cette fois, le prochain sommet de cycle devrait survenir aux alentours de la semaine du 20 octobre », détaille notre interlocuteur. Un nouveau record confirmerait que ce quatrième cycle obéit aux mêmes aléas temporels. Si 2026 « est une année plutôt mauvaise, cela sera une excellente opportunité d’achat pour des nouveaux investisseurs », souligne l’expert financier de Coinhouse.
Un changement de dynamique pour le Bitcoin ?
Pour certains acteurs de l’industrie, les cycles du Bitcoin sont de l’histoire ancienne. Aux yeux d’Arthur Hayes, le cofondateur de BitMex, la cryptomonnaie ne connaitrait plus de longues phases de baisse particulièrement marquées. Dans un essai récent, l’entrepreneur américain prophétise la fin des cycles habituels du Bitcoin. Le cours arrêterait de faire des montagnes russes et progresserait de façon plus verticale.
Pour justifier ce changement, Hayes pointe du doigt les afflux massifs de liquidités dans le Bitcoin ces dernières années, notamment par les institutionnels, par exemple par le biais des fonds indiciels. Ces fonds auraient rebattu les cartes en créant une toute nouvelle structure de marché. Les « traders tentent d’appliquer le schéma historique pour prédire la fin du marché haussier », mais « ils suivent cette règle sans vraiment comprendre pourquoi elle a fonctionné par le passé — et sans cette compréhension, ils ignorent pourquoi elle cessera de fonctionner aujourd’hui ».
Un Bitcoin à 1 million de dollars en 2030 ?
Voyons désormais à plus long terme, au-delà du marché haussier actuel. Bien installé au-dessus des 100 000 dollars, le Bitcoin est-il appelé à prendre encore beaucoup de valeur… et à atteindre le million de dollars ?
C’est l’avis de nombreux grands noms de l’industrie, dont Cathie Wood, la fondatrice et PDG d’ARK Invest. Elle assure que le Bitcoin pourrait bien atteindre 1,5 million de dollars d’ici 2030. Interrogé sur la question, Thibault Desachy nous assure qu’il est tout à fait possible que le Bitcoin finisse par atteindre ce niveau-là.
« C’est la conviction qu’on a chez Coinhouse, c’est que les targets (NDLR : objectifs de prix) situés entre 500 000 et 1 000 000 sont aujourd’hui réalistes. Il est possible que Bitcoin atteigne ces niveaux. Alors, l’horizon de temps, il est toujours difficile à cerner. Mais on est pas dans un rêve, c’est des choses qui sont possibles », déclare l’expert financier.
Le virage des banques et des gouvernements
La plupart des experts que nous avons interrogés s’attendent à ce que soient les banques traditionnelles et les gouvernements qui stimulent la valeur du cours du Bitcoin dans les cinq à dix prochaines années. Inspirés par l’exemple des États-Unis, qui ont amorcé une réserve nationale de bitcoins en conservant les cryptos saisies par les autorités, certains pays devraient se mettre à amasser du Bitcoin. La Chine a d’ailleurs déjà pris des décisions allant dans le même sens, tandis que le Brésil, l’Indonésie, et la Russie se penchent sur la question.
De leur côté, les banques, y compris les structures les plus traditionnelles, seraient progressivement obligées de se mettre à la cryptomonnaie. Lors d’un échange avec 01net, Lukas Enzersdorfer-Konrad, co-PDG de Bitpanda, assure que « les États s’y intéressent et que les banques considèrent désormais le Bitcoin comme un véritable actif financier ». Parmi les banques qui ont déjà sauté le pas, on trouve des néobanques, comme Revolut ou N26, et une banque en ligne comme BoursoBank. Dans un second temps, ce sont des banques traditionnelles qui vont se mettre à la monnaie numérique.
L’adoption du Bitcoin auprès du grand public devrait obliger les banques à incorporer la crypto dans leurs offres, normalisant ainsi l’actif numérique dans le paysage financier, nous explique le responsable de Bitpanda. Si « les acteurs bancaires s’y intéressent fortement et que ça devient un produit plus distribué, l’actif va se raréfier et le cours va augmenter ». C’est en tout ce que le responsable de l’exchange anticipe dans un horizon de 5 à 10 ans.
« En 2030, je pense qu’on commencera à voir des banques françaises proposer le Bitcoin à leur clientèle en agence. J’en suis parfaitement convaincu. Elles ne pourront pas se permettre de rester à la traîne, et tôt ou tard, elle devront forcément l’offrir, car tout le monde va le réclamer », estime Lukas Enzersdorfer-Konrad.
Le Bitcoin sur le chemin de l’or ?
De plus en plus incontournable sur les marchés financiers, le Bitcoin pourrait évoluer pour devenir une valeur refuge, au même titre que l’or, estime Thibault Desachy. Pour rappel, une valeur refuge est un actif qui résiste aux crises économiques. Par exemple, la valeur de l’or, valeur refuge par excellence, reste relativement stable, même en période de krach.
Actuellement, « la capitalisation du Bitcoin reste malheureusement trop faible pour en faire une véritable valeur refuge ». À mesure que le marché va progresser, le Bitcoin pourrait se « décorréler » des actifs les plus risqués, et devenir indépendant de l’évolution de la bourse américaine. Ce changement de paradigme viendrait contribuer à la hausse du cours… et à sa stabilisation. D‘ici à 10 ans, on devrait « voir un bitcoin qui sera beaucoup moins volatile et qui stagnera beaucoup plus ». Le Bitcoin bougerait « alors autant qu’une action, voire peut-être moins », prophétise notre interlocuteur.
Il ne s’agit évidemment que de prédictions financières. Rien ne permet de déterminer avec certitude le destin du Bitcoin et son évolution dans les années à venir. Par ailleurs, il ne faut pas écarter la possibilité qu’un cygne noir, c’est-à-dire un événement totalement inattendu, comme la crise de la COVID-19, vienne donner tort aux experts et rebattre toutes les cartes.
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