Au début du mois nous assistions à une annonce assez improbable : PowerLeader, géant chinois spécialisé dans la conception de serveurs annonçait le lancement d’un nouveau processeur révolutionnaire.
Révolutionnaire à plusieurs titres, puisque le « PowerStar P3 » présenté comme « maison » affichait 4 coeurs pour 8 threads et une fréquence d’horloge de 3,7 Ghz. En l’état, il s’agissait tout simplement du plus puissant des processeurs chinois à voir le jour, bien loin devant ce que proposait jusqu’ici Loongson.
Si l’annonce est particulièrement intéressante, c’est surtout parce que la Chine cherche, à l’image de la Russie, à produire ses propres puces et systèmes afin de se détacher une fois pour toutes de sa dépendance aux USA. Car si les USA n’hésitent pas à jouer de politique et de sanctions au titre de l’espionnage organisé par la Chine via ses différentes puces, dans les faits, ce sont bien les puces d’Intel, AMD, Texas Instrument et Qualcomm qui dominent l’ensemble des marchés de l’informatique, téléphonie et électronique.
Un processeur chinois qui n’en est pas un
Malheureusement, le PowerStar P3-01105 a rapidement attiré l’attention… Car si le processeur était annoncé comme une nouveauté, il a plus qu’un sérieux air de ressemblance avec le processeur Intel Core i3-10105. Outre sa référence identique à une inversion près, le nombre de coeurs et la fréquence correspondent, tout comme la forme de l’IHS et jusqu’au QR code du PCB sur le côté, sans compter du Socket LGA1200.
Finalement, le processeur vient d’entrer dans la base de données de Geekbench et confirme la situation : le processeur chinois est bel et bien un Intel Core i3-10105 maladroitement camouflé. Sur le site de tests, l’ID du processeur l’associe à la famille Comet Lake, soit un processeur Intel de 10e génération.
Malgré tout, on ne sait pas encore ce qui se cache derrière ce rebadging… PowerLeader pourrait avoir négocié un partenariat avec Intel, ce qui semblerait logique puisque la marque ambitionne d’écouler 1,5 million de processeurs par an… Ce changement de nom pourrait permettre de contourner certaines restrictions, notamment locales, et permettre ainsi à PowerLeader d’écouler plus facilement ses terminaux et processeurs, en les faisant passer pour des versions modifiées ou directement développées et produites en Chine. Avec ce tour de passe-passe, la marque sort de son chapeau le plus puissant (et de très loin) processeur « chinois » et pourrait ainsi s’octroyer la majorité du marché local.