Meta, anciennement Facebook, aurait-il réussi en quelques mois à couper la branche sur laquelle il était assis ? La richissime compagnie de Mark Zuckerberg s’était rebaptisée ainsi à la fin du mois d’octobre 2021, faisant du développement du métavers son nouveau cap. En lançant Horizon Worlds, au mois de décembre de la même année, elle pensait pouvoir être la première à donner corps à ce projet permettant à chacun d’avoir une existence digitale complète. Rien que cette année, 15 milliards de dollars (presque l’équivalent en euros) auraient été engloutis par l’entreprise pour parvenir à ses fins… pour un résultat plus que décevant.
Selon le Wall Street Journal, Horizon Worlds comptait moins de 200 000 utilisateurs à la fin octobre, pour un objectif initial de 500 000 utilisateurs actifs d’ici à la fin de l’année. Au bout d’un mois à peine, la majorité des utilisateurs auraient déserté l’application.
Beaucoup ont aussi moqué les représentations graphiques des personnages dans ce monde virtuel, avec des avatars sans jambes. Enfin, les analyses sur l’usage des casques de réalité virtuelle proposés par Facebook, censés offrir la principale porte d’entrée vers son métavers, n’étaient guère plus enthousiasmantes : au bout de six mois, leurs acheteurs les avaient délaissés.
Défiance des fonds d’investissement
Comble de l’ironie, The Verge révélait que, même en interne, les employés de Meta avaient été très peu nombreux à s’aventurer dans Horizon Worlds. « Si nous ne l’aimons pas, comment espérer que les utilisateurs l’adoptent ? », a demandé en interne Vishal Shah, vice-président chargé du métavers de Meta. Tout en intimant l’ordre à ses salariés d’être davantage présents sur cette plate-forme, Meta admettait que celle-ci n’était pas assez aboutie, pleine de bugs, pour attirer un grand nombre d’utilisateurs.
Les plus grands patrons de la tech aux Etats-Unis – jamais avares de piques entre eux – n’ont pas été tendres avec Meta. « Je ne suis pas sûr que l’individu moyen puisse vous dire ce qu’est le métavers », a lancé Tim Cook, le patron d’Apple, dans un entretien donné au média néerlandais RTL Nieuws. Le patron de Snapchat, Evan Spiegel, parle, lui, d’un concept « ambigu et hasardeux ». Même les plus gros fonds d’investissement affichent leur défiance. Jan Hammer, l’un des principaux investisseurs en Europe pour le fonds Index Ventures, s’en ouvre franchement : « On voit beaucoup de business plan autour du métavers, mais ça nous laisse sceptique », explique-t-il au Monde. « Il y a eu une surenchère ridicule. Bloomberg qui parle d’un marché de 800 milliards de dollars en 2024, ça n’a aucun sens », estime également Thomas Husson, du cabinet Forrester.
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